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Bientôt un traitement pour s'adapter au décalage horaire ?

Par Raphaëlle de Tappie

En activant certains neurones seulement à une heure spécifique, des biologistes américains ont réussi à réduire les effets néfastes du décalage horaire sur des souris. 

fizkes/iStock

Voilà qui pourrait révolutionner le quotidien des grands voyageurs et des personnes travaillant en horaires décalés. Des biologistes américains ont réussi à mettre au point un outil contre le décalage horaire sur des souris en activant un sous-ensemble de neurones impliqué dans la mise en place des rythmes journaliers. Les résultats ont été publiés jeudi 12 juillet dans la revue scientifique Neuron.

"Nous nous demandions comment l’horloge du corps s’ajuste aux différents fuseaux horaires", explique Erick Herzog qui a mené l’étude à l’Université de Washington à Saint Louis (Missouri). Toutes les fonctions essentielles de l’organisme sont synchronisées avec le temps par l’horloge circadienne du corps. Une petite zone au bas du cerveau près de la bouche nous rappelle de nous réveiller et d’aller nous coucher à des heures régulières chaque jour. Cette horloge interne est scientifiquement appelée le noyau suprachiasmatique ou NSC. Quand ce système est perturbé, par des horaires de travail décalés ou un voyage sur un autre continent par exemple, les 20 000 cellules nerveuses de cette zone peinent à ajuster le corps à un nouveau rythme.

Pour mener leur étude à bien, Herzog et ses collègues sont partis de "l’hypothèse que les neurones du NSC étaient comme des grands-mères chargées de dire à tout le monde quoi faire" en produisant des neurones VIP (vasoactive intestinal polypeptide), essentielles pour communiquer et synchroniser les rythmes journaliers.

"Le code utilisé par les neurones VIP est la clé"

Une étudiante du laboratoire d’Herzog du nom de Cristina Mazuski a donc développé un système pour déterminer le mécanisme classique des neurones VIP. Grâce à cela, les scientifiques ont pu identifier deux catégories dans cette famille : les neurones VIP toniques, qui agissent à un rythme régulier à intervalles espacés et les neurones VIP irréguliers.

Ils ont ensuite plongé des souris dans le noir complet plusieurs jours et nuits sans leur donner aucune indication de l’heure qu’il était. Grâce à la technique optogénétique (nouveau domaine de recherche et d’application, associant l’optique à la génétique), ils ont activé les neurones VIP seulement à la même heure à chaque fois. "C’était une étape importante pour comprendre comment le noyau suprachiasmatique garde les organismes en phase avec la lumière locale", explique Cristina Mazuski. Ses collègues et elles ont alors découvert que les souris se remettaient plus vite du décalage horaire quand les neurones VIP était activés à intervalles irréguliers.

"Nous commençons à comprendre comment le système du temps dans le cerveau est câblé et avons établi que le code utilisé par les neurones VIP est vraiment la clé pour mettre en place le programme journalier de l’organisme", se félicite Herzog. 

En octobre 2017, l’Université de Saint Louis avait déjà publié une étude sur le sujet. Les chercheurs avaient découvert que, lorsqu’il y avait un excès de VIP, les cellules perdaient leur capacité de synchronisation. Espérons que leurs travaux finissent par aboutir à un médicament capable de réduire les effets néfastes du décalage horaire pour les personnes qui voyagent beaucoup ou qui travaillent en horaires décalés.