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Reconnu en maladie professionnelle par un tribunal

Cancer des ovaires : l'amiante responsable

Par la rédaction

Le cancer des ovaires d'une ancienne employée d'entreprise de fabrication de chaudières a été reconnu comme maladie professionnelle liée à l'amiante. Une première en France !

Stockage illégal de déchets d'amiantes situé pres de Toulouse à Saint-Alban (31), LANCELOT FREDERIC/SIPA
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Après l’affaire de l’amiante de la Tour Montparnasse (Paris), le nouveau feuilleton « amiante » se déroule cette fois-ci dans les Ardennes (08). C'est dans ce département du Nord-Est, frontalier de la Belgique, qu'un cancer des ovaires lié à l’amiante vient récemment d'être reconnu comme maladie professionnelle par l'assurance maladie. Une première en France.

20 ans à couper des cordons d'amiante
Dans cette histoire, Liliane avait travaillé pendant plus de 20 ans chez Deville, une entreprise de fabrication de chaudières et de différents moyens de chauffage, située à Charleville-Mézières (08). En coupant des cordons d’amiante, elle a respiré ces redoutables fibres cancérogènes pendant des années. Résultat, en 2010, cette personne a été emportée par un cancer des ovaires.

La promesse "d’aller jusqu’au bout"
Dans cette bataille pour faire reconnaître sa pathologie comme « maladie professionnelle », Liliane a été depuis le début soutenue par l’Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante (Andeva) des Ardennes. Deux semaines avant son décès, Claude Huet, président de l’Association, lui avait fait la promesse d’« aller jusqu’au bout. » 
Et ce dossier s’annonçait difficile, car cette pathologie n’est inscrite dans aucun tableau de maladie professionnelle. Elle ne peut donc être reconnue que par un Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP).
De plus, alors que beaucoup de personnes savent  que les fibres d’amiante causent des cancers du poumon ou de la plèvre, peu  savent que ces fibres circulent dans l’organisme non seulement par le système respiratoire, mais aussi par le système digestif ou le système lymphatique. Et être à l'origine, par exemple, du cancer des ovaires.

Des preuves réunies par 27 scientifique de 8 pays
Mais cette détermination de tous les acteurs de la défense des victimes de l'amiante a fini par payer. Pour l'histoire, la demande motivée de reconnaissance en maladie professionnelle s’est d’abord heurtée à un refus du CRRMP du Nord Est, notifié le 5 juillet 2010. La famille a toutefois fait appel et saisi le tribunal des affaires de la Sécurité sociale (le TASS des Ardennes).

Ce recours s’est appuyé sur l’avis rendu par le Centre International de Recherche sur le cancer (CIRC), qui après avoir réuni 27 scientifique de 8 pays, a considéré que « des preuves suffisantes existent désormais pour montrer que l’amiante cause des cancers du larynx et des ovaires. »
Sollicité par le Tass, le CRRMP Nord - Pas-de-Calais - Picardie, a alors considéré que l’exposition à l’amiante est certaine de 1966 à 1980, et rendu un avis sans ambiguité sur l’origine de la maladie qui a causé son décès :
« Après avoir entendu le service prévention de la CARSAT, le CRRMP constate que dans le dernier rapport scientifique du CIRC en 2011, il est retenu un lien scientifique de forte probabilité entre la survenue du cancer de l’ovaire et l’exposition à l’amiante. Le délai d’apparition (plus de 20 ans) de la pathologie présentée est tout à fait compatible avec les données scientifiques. Pour toutes ces raisons, il convient de retenir un lien direct et essentiel entre l’affection présentée et l’exposition professionnelle », conclut le Comité.


 Ajouter le cancer des ovaires et le cancer du larynx 

Par la suite, comme cet avis s’impose au tribunal des affaires de la Sécurité sociale, ce dernier se prononcera en faveur de la prise en charge de la maladie. « C’est une première en France, dont il faut saluer l’importance. Cette décision rend justice aux souffrances de Liliane et de sa famille », commente l'’Andeva. Cette association demande, par ailleurs, que « le cancer des ovaires et le cancer du larynx soient inscrits sans délai dans le tableau des maladies professionnelles liées à l’amiante. »