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Molécule NAD

Grossesse : la vitamine B3 prévient malformations et fausses couches

Par la rédaction

La vitamine B3 permet d'empêcher le défaut de formation d’une molécule essentielle à la croissance des fœtus. Elle pourrait donc éviter des malformations, voire des fausses couches.

luanateutzi/Epictura
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Ce n’est pas une petite découverte qu’ont réalisée des chercheurs australiens. Les malformations congénitales, et à plus forte raison les fausses couches, laissent parfois les médecins à court d’explications. Mais des scientifiques de Sidney ont trouvé non seulement une cause, mais aussi un remède potentiel à certains défauts graves de naissance. Un remède simple, pour ne rien gâcher !

Ils ont en effet identifié qu’une molécule appelée NAD (pour nicotinamide adénine dinucleotide), lorsqu’elle fait défaut pendant la grossesse, est associée à des malformations du foetus, notamment au niveau du coeur, de la colonne vertébrale et des côtes. Mais ils se sont aussi aperçus qu’un simple apport en vitamine B3 pouvait compenser ce défaut, et prévenir les malformations.

Une découverte par hasard 

L’histoire est celle d’une découverte scientifique d’importance faite un peu par hasard. L’équipe de recherche planchait à l’origine sur les causes génétiques des malformations cardiaques. Depuis des années, Sally Dunwoodie, une généticienne du Victor Chang cardiac research institute de Sydney (Australie) étudie ces gènes, et travaille en relation avec des médecins qui lui adressent des familles dont les enfants présentent des défauts cardiaques.

En 2005, un cas particulier a attiré l’attention de Sally Dunwoodie. Un bébé souffrait de malformations au niveau du coeur, de la colonne vertébrale et des côtes. Des défauts tellement sévères que l’enfant ne parvenait même pas à gonfler complètement ses poumons. Une mutation familiale a été identifiée, sur un gène régissant la production de NAD, une molécule impliquée dans le stockage de l’énergie et la synthèse de l’ADN.

En l’absence de littérature scientifique sur le sujet, cette information capitale n’a pas donné de suites. « Nous ne savions pas trop quoi en faire », a expliqué Sally Dunwoodie dans Sciencemag.

Deux indices en 7 ans

Mais en 2012, un nouveau cas a interpellé l'équipe du Dr Dunwoodie. Une mutation génétique a été observée chez un bébé ayant les mêmes malformations. Elle altérait la production de la même molécule, NAD, mais à un endroit différent. « C’était le moment de notre Eurêka », se rappelle la chercheuse.

Par la suite, l’équipe a décidé de se concentrer sur ce sujet. Et la suite est aussi révélatrice de la manière dont la science peut parfois avancer à tâtons, et de manière inattendue. Les chercheurs ont décidé d’étudier le manque de NAD chez des souris. Ils ont « éteint » les deux gènes précédemment identifiés, afin de vérifier que les malformations se reproduisaient comme attendu. Mais à leur grande déception, rien ne s’est produit.

Les croquettes salvatrices

Loin de baisser les bras, et en analysant les facteurs pouvant expliquer ces résultats inattendus, ils se sont aperçus que l’alimentation standard des souris contenait de la vitamine B3. Et là, en la supprimant, les malformations, ainsi que les fausses couches, étaient nombreuses. La vitamine permet en effet au corps de produire la molécule NAD par des moyens détournés.

Pour l’instant, un flou entoure encore son rôle exact dans le développement fœtal, mais il semble justifié d’étudier le rôle et l’intérêt d’une supplémentation en B3 durant la grossesse, comme c’est déjà par exemple le cas pour l’acide folique (ou vitamine B9), qui prévient les malformations du tube neural.

La prudence reste néanmoins de mise. La molécule NAD est par ailleurs étudiée pour son rôle dans le développement de cancers. À fortes doses, la vitamine B3 peut aussi provoquer des vertiges, des nausées et des troubles intestinaux ; mais à dose faible, les effets indésirables sont limités. Si les recherches valident son innocuité pendant la grossesse, elle pourrait bien faire son apparition sur les ordonnances des femmes enceintes, ou simplement dans leurs assiettes : elle est naturellement présente dans la viande, le poisson, le lait ou les œufs.

 

Les résultats de l’étude paraissent ce 10 août dans la revue scientifique New England Journal of medicine.