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En Europe

Grossesse : les populations précaires exclues des soins

Par Marion Guérin

Un rapport de Médecins du Monde alerte sur la situation sanitaire des populations précaires, qui restent exclues des systèmes de soin à cause de lois restrictives.

Fayolle Pascal/SIPA
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Les femmes et les enfants d’abord… ou pas. En Europe, berceau de l’humanisme, les personnes les plus vulnérables n’ont pas accès aux soins de base. Femmes enceintes et jeunes précaires restent désespérément exclus d’un système de santé à deux vitesses.

9 pays européens, 40 000 consultations 

Ce constat est issu du nouveau rapport européen de Médecins du Monde (MdM), intitulé « L’accès aux soins des personnes confrontées à de multiples facteurs de vulnérabilité », Obstacles à l’accès aux soins des enfants et des femmes enceintes en Europe. Cette enquête, fondée sur 41 238 consultations médicales et sociales individuelles auprès de 22 171 personnes dans 9 pays européens en 2014, a été présentée ce lundi lors d’une conférence de presse à Londres.

Elle raconte ce qu’on ne dit pas, ce qu’on ne voit pas. « Les enquêtes menées en population générale passent souvent à côté des personnes rencontrées dans les programmes de Médecins du monde, qui ne sont pas prises en compte dans les systèmes d’information sanitaire officiels », explique l’ONG. Les Roms, les toxico, les sans-abris, les prostituées… Ceux dont la situation est tombée dans l’indifférence publique.

Femmes enceintes sans suivi, enfants non vaccinés

Et pourtant, leur état de santé a de quoi faire rougir l’Europe de honte. Les données de MdM révèlent que plus de la moitié des femmes enceintes interrogées (54 %) n’ont pas eu accès à des soins prénataux. La très grande majorité d’entre elles n’ont pas de couverture maladie (81 %).

De plus, seul un tiers des enfants reçus en consultation en Europe ont été vaccinés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, et à peine plus contre le tétanos (42,5%). Sur la couverture du rapport figure la photo de Doroftei, 10 ans, non vacciné. « Je ne peux toujours pas aller à l’école », précise la légende. Nous sommes en France, à Saint-Denis.


Le mythe du migrant malade

Deux tiers des patients (63 %) n’ont pas de couverture maladie, « principalement du fait de lois restrictives qui excluent certains groupes de population », expliquent les auteurs. Du coup, ces femmes et ces enfants ne se soignent tout simplement pas, faute d’argent pour 28 % des interrogés, ou à cause des multiples barrières administratives pour 22 % d’entre eux. Du coup, 23 % des patients perçoivent leur santé physique comme (très) mauvaise et cela atteint 27 % pour la santé mentale.

Par ailleurs, MdM entend briser un mythe : celui du tourisme de santé des migrants pauvres en Europe. Ainsi, seuls 3 % des migrants reçus par l’ONG ont migré pour des raisons de santé (moins de 1 % pour les femmes enceintes). De plus, une fois arrivés, les migrants mettent en moyenne plus de 6 ans à consulter les médecins de MdM.

Droits bafoués

Presque tous les patients interrogés (91 %) vivent sous le seuil de pauvreté. La grande majorité d’entre eux (84,4 %) ont été confrontés à au moins un acte de violence. MdM lance un appel d’urgence aux Etats membres et aux institutions de l’UE. « Tous les enfants résidant en Europe doivent avoir un accès sans réserve aux programmes de vaccination nationaux et aux soins pédiatriques. Toutes les femmes enceintes doivent avoir accès à l’interruption de grossesse, aux soins prénataux et postnataux et à un accouchement sans risque ». Une évidence… ?