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A l'initiative d'une start-up grenobloise

Appel aux dons pour une molécule anti-cancer

Par Julie Levallois

Une start-up grenobloise, tente de développer une molécule capable de lutter contre les tumeurs cancéreuses. Limité par un manque de fonds, le laboratoire a lancé un appel à financement participatif.

Gerry Broome/AP/SIPA
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Une petite molécule contre le cancer à la recherche de financements. Ecrins Therapeutics, une start-up grenobloise, a lancé un appel au financement participatif sur la plateforme Crowd Avenue. Une approche peu fréquente dans le domaine de la santé, et encore moins dans le développement de médicaments. Les fonds permettront de progresser dans le développement de ce « candidat-médicament », présenté comme « extrêmement prometteur » et découvert... en 2006.

 

Une nouvelle cible contre le cancer

La molécule ET-D5 est un « VDA » (Vascular Disrupting Agent, Agent Vasculaire Perturbateur). Ces molécules sont capables de détruire les nouveaux vaisseaux alimentant une tumeur, et a été décrite pour la première fois en 1982. Depuis, des dizaines de VDA ont été développés, dont une partie est actuellement testée chez l’être humain.

 

La molécule ET-D5, développée par Ecrins Therapeutics, a été découverte en 2006 par une équipe de l’Inserm et de l’université Joseph-Fournier (Grenoble, Isère). « Elle cible la molécule PP1, c’est ce qu’on appelle une « first-in-class. C’est ce côté très novateur qui nous intéresse, plutôt que de travailler avec des cibles déjà éprouvées, qui n’améliorent pas forcément la survie des patients à un stade terminal », explique à pourquoidocteur Gwenaëlle Garin, en charge des essais cliniques au Centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard (Lyon, Rhône).

 

Aucune étude publiée

Aurélie Juhem, aujourd’hui directrice de la recherche et développement au sein de la start-up, a consacré sa thèse (soutenue en 2008) à ET-D5. Deux ans plus tard, la société présente les résultats d’essais sur la souris à la 1ère Journée Scientifique du Médicament. ET-D5 bloquerait la multiplication des cellules cancéreuses (activité anti-proliférative) et détruirait les vaisseaux sanguins alimentant la tumeur (activité anti-vasculaire). Cette double action détruirait les tumeurs en induisant leur nécrose.

Mais aucune étude publiée par l'équipe grenobloise ne confirme ces effets. « Nous avons retardé volontairement la publication des données sur ET-D5 », explique Ecrins Therapeutics sur sa page WiSEED qui souhaite protéger la molécule d'une éventuelle concurrence.  

 

Pas d’essai chez l’homme avant fin 2015

Aujourd’hui, la start-up est à la recherche de 500 000 euros et se tourne vers le financement participatif, afin de poursuivre le développement pré-clinique. Depuis 2013, elle annonce un essai clinique chez l’homme, en partenariat avec le centre Léon-Bérard, repoussé justement pour des raisons financières. « Depuis 2013, on est en contact avec Ecrins Therapeutics pour développer un essai de phase I, de première administration chez l’homme », explique Gwenaëlle Garin.

Mais avant d'envisager de premiers tests chez l'homme le chemin est encore long. « Pour finir le développement pré-clinique chez l’animal, il y a un dossier réglementaire à remplir, il faut notamment démontrer l’innocuité du médicament chez l’animal. Tant qu’ils n’ont pas fait cela, ils ne pourront pas passer chez l’humain.» Une partie du financement servira à cela. Ecrins Therapeutics a aussi mis en place une stratégie de développement de la molécule chez le chien, à des fins thérapeutiques. En effet, la mise au point d’un médicament vétérinaire est moins contraignante, et permettrait à la société de s’assurer une autonomie financière.

 

Les essais réalisés chez la souris, avec des cellules de tumeurs humaines, ont démontré une action contre les tumeurs du poumon, du cerveau (glioblastome), de la thyroïde, du rein et du pharynx. Avant d’accepter le partenariat, le Centre Léon-Bérard a pu consulter ces résultats.

Chez l’homme, la start-up devra établir une preuve de concept. « Il ne se passera rien avant fin 2015 », tempère Gwenaëlle Garin. « A priori, dans un premier temps, l’étude se fera sur tous les cancers. Il arrive qu’on teste sur trois ou quatre niveaux de dose, sur toutes les tumeurs, puis on fait des extensions de cohorte avec des sous-types histologiques ou moléculaires. » A terme, Ecrins Therapeutics espère vendre les brevets à un grand laboratoire pharmaceutique, qui se chargera des études cliniques de phase III et d'une éventuelle mise sur la marché. 

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