ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Projet de loi de santé: les dentistes en colère

Manifestation, grève de la carte vitale...

Projet de loi de santé: les dentistes en colère

Par Bruno Martrette

L'ensemble des syndicats de chirurgiens-dentistes appelle à manifester le 15 mars à Paris contre le Projet de loi Santé. Ils s'opposent notamment à la généralisation du tiers payant.

DURAND FLORENCE/SIPA
MOTS-CLÉS :

Toutes les organisations de chirurgiens-dentistes (1) appellent à manifester le 15 mars à Paris aux côtés des autres syndicats de médecins libéraux. Depuis plusieurs mois, les praticiens, les étudiants de la médecine bucco-dentaire et les internes en odontologie sont en effet mobilisés contre les menaces des projets de loi gouvernementaux Macron et Touraine (Loi de Santé). Leur ras-le-bol atteint aujourd'hui son paroxysme.

Contre le tiers payant généralisé
Dans un communiqué de presse publié ce lundi, ils écrivent, « la loi Touraine dite loi de santé est une attaque grave contre notre profession : elle organise la main mise de l’État sur l’organisation de la santé. »
Contactée par Pourquoi Docteur, le Docteur Catherine Mojaïsky, présidente de la Confédération Nationale des Syndicats Dentaires (CNSD), explique tout d'abord que « comme les autres praticiens, les chirugiens-dentistes sont opposés au tiers payant généralisé. Une mesure démagogique, mais surtout dangereuse pour les structures de chirugiens-dentistes », estime-t-elle.
« Nous dépendons entièrement des honoraires que nous versent les patients. Si le paiement n'est pas assuré on peut se retrouver dans des situations difficiles. Or le gouvernement assure qu'il n'y aura aucun problème, mais toutes les expériences de tiers payant nous montrent qu'il y a des erreurs et des impayés », martèle cette dentiste. 
Par ailleurs, la présidente de la CNSD explique que pour certains de leurs actes, le tiers payant généralisé serait, en plus, très compliqué à mettre en place.

Ecoutez le Docteur Catherine Mojaïsky, présidente de la CNSD : « Contrairement à des soins entièrement pris en charge par la sécurité sociale, nous avons une partie de notre activité qui est faite d'honoraires libres. Pour ces soins, le tiers payant généralisé sera très compliqué. »


L'existence des cabinets libéraux menacée
Autre point de blocage avec le gouvernement, le plafonnement des honoraires pour les patients qui bénéficient de l'Aide à la complémentaire santé (ACS) sur les prothèses et l'orthodontie. « Sur ce sujet, les dentistes craignent un deuxième niveau de tarifs sociaux après la CMU pour laquelle les tarifs sont bloqués depuis 9 ans », précise la présidente de la CNSD. « Dans des zones où il y a beaucoup de patients en difficulté financière ça va mettre en péril l'existence de tous les cabinets libéraux. On va se retrouver avec des zones désertifiées car elles ne seront pas économiquement viables. »

Grève de la télétransmission, fermeture des cabinets...
Enfin, les dentistes craignent une mesure écartée de la loi Macron mais qui les menace toujours, celle qui fait que le patient pourrait choisir son prothésiste en fonction du prix d'achat de la prothèse. « Si on ne gère plus cette collaboration, on risque de se retrouver avec beaucoup de problèmes de qualité. Nous ne serions plus responsables de ce que nous mettons dans la bouche de nos patients. »
En conclusion, la présidente du CNSD confie que si les dentistes ne sont pas entendus ils prévoient d'autres actions. Elle annonce d'une part : « une possible grève de la télétransmission (plus de carte vitale), mais aussi d'éventuelles journées de fermeture des cabinets avant la grande manifestation des médecins le 15 mars. »

(1) CNSD, FSDL, SFCD, SFSO, SNCO, SNIO, SNOHP, UJCD