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6 à 10 séances

Suicide : la thérapie verbale réduit le risque de seconde tentative

Par Audrey Vaugrente

Avoir recours à une psychothérapie verbale après une tentative de suicide est efficace. Les personnes qui ont fait 6 à 10 séances sont moins à risque de récidive selon une étude.

Eric Risberg/AP/SIPA
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Parler après une tentative de suicide, ça marche. Les psychothérapies verbales, des entretiens durant lesquels le patient échange avec son thérapeute sur ses troubles, aident à réduire le risque d’une deuxième tentative de suicide. C’est le résultat d’une étude menée au Danemark et parue dans le Lancet Psychiatry.

 

Des cliniques ouvertes

« Nous savons que les personnes qui ont fait une tentative de suicide représentent une population à haut risque, et nous devons les aider. Cependant, nous ne savions pas ce qui est efficace en termes de traitement », explique le principal auteur de l’étude, Annette Erlangsen. En effet, au Danemark, plusieurs approches co-existent. L’une d’entre elle, mise en place sur tout le territoire en 2007, propose aux personnes à risque de suicide une thérapie psychosociale, sans hospitalisation en structure psychiatrique. L’équipe de l’université de Copenhague a évalué l’impact de cette prise en charge.

 

5 678 Danois qui avaient tenté de mettre fin à leurs jours et qui se sont rendus dans une de ces cliniques ont été suivis. 17 304 personnes correspondant aux mêmes critères, mais qui n’ont pas été traitées, ont servi de contrôle. Pendant 20 ans, leurs dossiers médicaux ont été soigneusement observés.

 

- 25 % de risque à 5 ans

Les cliniques de prévention du suicide sont efficaces, concluent les auteurs de l’étude. Les patients qui s’y sont rendus ont bénéficié de six à dix séances de psychothérapie verbale. Un suivi court, mais dont les effets persistent sur le long terme. Un an après leur thérapie, ces sujets étaient 27 % moins à risque de refaire une tentative de suicide par rapport à ceux qui n’ont pas été traités. A 5 ans, cette réduction du risque est de 25 %. 

 

A 10 ans, on observe toujours un bénéfice : le taux de suicide s’élève à 229 pour 100 000 personnes chez les personnes traitées par psychothérapie verbale, contre 314 pour 100 000 dans le groupe de contrôle. « Nous avons à présent la preuve que le traitement psychosocial - qui propose un soutien et non des médicaments - peut prévenir le suicide dans un groupe à haut risque », conclut Annette Erlangsen. C’est la première fois que cette efficacité est démontrée. Et selon les auteurs de l’étude, il y aurait un véritable intérêt à proposer davantage de programmes de ce type.