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Stéroïdes, testostérone...

Produits dopants : un étudiant jugé pour avoir joué au petit chimiste

Par Suzanne Tellier

Un étudiant, fan de culturisme, a comparu devant le tribunal correctionnel de Lyon pour fabrication et revente de produits anabolisants.

SIPANY/SIPA
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Une affaire gonflée… Denis, un étudiant d’école de commerce, a comparu hier devant le tribunal correctionnel de Lyon pour « trafic de médicaments, exercice illégal de la profession de pharmacien et mise en danger de la vie d'autrui ». Son tort : avoir acheté, fabriqué et revendu des produits dopants acquis illégalement sur Internet.

« Petit chimiste »
Anabolisants, testostérone, éphédrine… A 25 ans, cet étudiant, féru de culturisme, a déjà touché à tout. Il commande régulièrement ses produits sur des sites étrangers. « Dans le milieu du culturisme, tout le monde prend des stéroïdes. C’est physiologique. Impossible, autrement, d’entretenir le volume de muscles », explique-t-il au Parisien. De fait, en deux ans, grâce à ces produits, il augmente sa masse musculaire de 15 kilos.

Fort de son expérience, Denis décide d’en faire partager les autres et entame, en parallèle à ses études, un business juteux. « Il a joué au petit chimiste », résume ainsi le procureur de la République. Il se met à concocter ses propres recettes, des cocktails d’anabolisants qu’il teste d’abord sur lui-même, avant de les revendre – conscience professionnelle oblige.


Le Français Alexandre Piel, champion du monde 2013 de culturisme, pose à côté des produits qui constituent son "régime de sportif". Capture d'écran Facebook.

Des clients militaires et policiers
Malgré des effets secondaires peu rassurants – palpitations, fièvre, et même quelques montées de lait – ses produits rencontrent un certain succès. Ainsi, entre juin 2012 et avril 2014, son trafic lui aurait rapporté plus de 20 000 euros de bénéfices, net d’impôts. Parmi ses clients, des fans de culturisme, mais aussi des militaires et des policiers. Ces derniers sont d’ailleurs accusés de l’avoir renseigné sur les opérations menées par Interpol contre les dealers de produits dopants illicites.

Denis s'associe avec un autre étudiant pour développer ce commerce plein d’avenir. Ensemble, ils créent un site Internet de vente de t-shirts, qui sert de vitrine pour écouler les mixtures. Mais malgré leurs bonnes relations, le pot aux roses finit par être découvert. A l’aéroport de Roissy, les douaniers interceptent un colis bourré de pilules interdites. L’adresse indiquée sur le paquet les mène tout droit au domicile de Denis, qui a transformé son appartement d’étudiant en véritable laboratoire clandestin.

Les deux étudiants encourent jusqu’à cinq ans de prison et 375 000€ d’amende, mais le parquet n’a requis « que » deux ans avec sursis et 1 000 euros d'amende contre Denis. Pour sa défense, le jeune homme, réfugié politique, a expliqué que l’argent récolté ne lui avait servi qu’à payer son école, son loyer et ses frais. « On est loin du dealer de drogue qui attend devant l'école », a plaidé son avocat, déplorant « la facilité d'accès du web ». Le jugement sera rendu le 27 novembre.

Risques cardiovasculaires, atrophie testiculaire
Au-delà de l’aspect purement anecdotique, cette affaire révèle une pratique très répandue dans le milieu du culturisme : la consommation d’anabolisants et autres produits dopants. Les études se multiplient pour identifier leur toxicité sur un public par ailleurs de plus en plus jeune. Toutes révèlent un risque cardiovasculaire accru et une détérioration du profil lipidique. De fait, la prise de stéroïdes s’accompagne d’une chute des niveaux de « bon » cholestérol et des niveaux d’Apo-A1, une protéine sanguine responsable du transport du cholestérol vers le foie.

Autre effet particulièrement indésirable, observé chez les consommateurs de testostérone : l’atrophie des organes génitaux. Ainsi, cette hormone détruit les gonadotrophines, qui stimulent les glandes sexuelles et permettent la sécrétion naturelle de testostérone. En découle un risque d’atrophie testiculaire très élevé. Prise sur une longue durée, la testostérone est aussi soupçonnée de provoquer des cancers du foie.

La littérature existante fait mention, pêle-mêle, de risques de diabète-2, d’infarctus et d’AVC, des ruptures tendineuses, des problèmes de pilosité, des troubles de la sexualité et du comportement (agressivité, dépression…) liés à la consommation de produits dopants (stéroïdes, hormones de croissance, testostérone, cortisone…).

>> Regarder le reportage de France 2 sur les dangers du dopage dans les salles de musculation