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Grossesse, accidents, cancers

Les effets avérés du cannabis à long terme

Par la rédaction

La revue scientifique Addiction fait le point sur 20 ans de littérature sur le cannabis. Les connaissances dont on dispose sont de plus en plus précises.

Karl Schoendorfer/REX/REX/SIPA
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L’usage du cannabis à des fins récréatives est en pleine expansion. Depuis une vingtaine d’années, ce phénomène s’accompagne d’une multitude d’études qui tentent de déterminer les effets sanitaires et psycho-sociaux de la marijuana. Les scientifiques australiens ont été les plus actifs, au début des années 1990.

Avec le recul, on dispose donc d’une littérature foisonnante, qui permet d’avoir une connaissance plus précise de ses effets, notamment à long terme. La revue américaine Addiction fait le bilan.

Pas de risques d’overdose
Dès les premières études épidémiologiques, les chercheurs constataient un risque très faible d’overdose. Il faudrait, en effet, des doses massives de THC pour tuer un être humain – entre 20 et 75 grammes. « Même un très gros fumeur aurait du mal à ingérer une telle quantité en un jour », notent les auteurs de la revue.

A travers les années, cette absence de risques s’est confirmée, aucun cas d’overdose au THC n’ayant été signalé.

Accidents de la route : risques doublés
De nombreuses études montrent que la consommation de cannabis augmente le temps de réaction, altère le traitement de l’information et nuit à la coordination visuo-motrice. Bref, les fumeurs sont plus « lents », et sur la route, cela se paie : le risque d’accidents est multiplié par deux. Ainsi, 2,5% des accidents mortels en France seraient liés à une consommation de cannabis (29 % pour l’alcool).

Les études suggèrent en revanche que les conducteurs ayant consommé du cannabis sont parfaitement conscients de leurs déficiences motrices. Ils compenseraient alors en réduisant leur vitesse et en limitant les prises de risques – ce que les consommateurs d’alcool ne semblent pas faire.

Grossesse : des bébés plus petits
A travers les années, les chercheurs se sont penchés sur le cas des femmes qui fument de la marijuana pendant leur grossesse. Dans plusieurs études, ils constatent qu’un usage régulier réduit le poids des bébés à la naissance, mais dans une moindre mesure, comparée à la consommation de tabac.

Dépendance
Au début des années 1990, la notion de dépendance à l’égard du cannabis suscite un fort scepticisme chez les scientifiques. Ceux-ci définissent alors la dépendance selon des critères spécifiques (difficulté à cesser la consommation, absence de contrôle sur sa consommation…). Or, de nombreux consommateurs entrent dans cette catégorie sans avoir besoin d’une prise en charge thérapeutique.

Mais face à une consommation de plus en plus prégnante, notamment chez les jeunes, ces mêmes scientifiques sont revenus sur leurs conclusions. Parmi les addictions les plus répandues, le cannabis figure en troisième position, après la cigarette et l’alcool.

Ainsi, pour les fumeurs réguliers, le risque de développer une forme de dépendance à l’égard du cannabis est de l’ordre de 1 sur 10. Quand les consommateurs commencent dès l’adolescence, le risque augmente significativement – aux alentours de 1 sur 6.

Impact sur les facultés cognitives
Les études suggèrent toutes une diminution des facultés cognitives liées à l’usage du cannabis. Les fumeurs réguliers ont ainsi plus de difficultés à apprendre, à s’exprimer verbalement, à mémoriser et à se concentrer. Une vaste étude menée sur près de vingt ans en Nouvelle-Zélande suggère qu’une consommation quotidienne, pendant plusieurs années, peut impliquer une perte de Q.I de l’ordre de 8 points.

En revanche, les scientifiques ignorent si les consommateurs récupèrent pleinement leurs capacités cognitives après avoir cessé de fumer (en cas de consommation régulière et durable).

Impact sur l’appareil respiratoire et cardiovasculaire
De faibles taux de cannabis ne semblent pas avoir d’effet significatif sur les voies respiratoires et le système cardiovasculaire. Cependant, les auteurs notent une prédominance des infections respiratoires (notamment des angines) et des pneumonies chez les fumeurs réguliers.

Cannabis et cancer
Les études suggèrent que le THC n’est pas cancérigène ; en revanche, la fumée de joint le serait, même dépourvue de tabac. Le seul fait de fumer peut causer des cancers de la bouche, de la langue et de l’œsophage.