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1er cas diagnostiqué au Texas

Ebola : des cas isolés sont aussi possibles en France

Par Bruno Martrette

Le premier cas d'un malade ayant contracté le virus Ebola en Afrique et diagnostiqué  a été officialisé aux Etats-Unis. Pour les experts, la France n'est pas à l'abri de ce risque.

Tom Frieden, Directeur des CDC d'Atlanta, John Bazemore/AP/SIPA

Un premier cas d'Ebola a été diagnostiqué hors d'Afrique ! C'est l'annonce faite mardi soir par un porte-parole des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) d'Atlanta. Ce patient qui a contracté la maladie en Afrique, mais dont la pathologie s'est déclarée aux Etats-Unis, a été diagnostiqué au Texas. Pour le moment, on ignore son identité, mais on sait qu'il avait voyagé au Liberia, un pays durement touché par l'épidémie de fièvre Ebola. Dernière information qui a filtré, l'homme est actuellement hospitalisé à Dallas. 
Face à cette situation, une question se pose : des foyers épidémiques sont-il possibles en dehors de l'Afrique ?

Des malades en incubation près des aéroports africains
Contacté par la rédaction de pourquoidocteur, le Pr Jean-Paul Stahl, infectiologue au CHU de Grenoble (38) confie que « ce cas aux Etats-Unis n'est pas du tout étonnant et que c'est tout à fait logique. D'ailleurs, la France s'est préparée à cette hypothèse », souligne-t-il.
« En fait, ce sont des patients contaminés dans les pays à risques qui arrivent dans leur pays d'origine en étant en incubation. Et ils déclarent la maladie après le retour », rajoute le Pr Jean-Paul Stahl.
En effet, avant de rentrer au Texas, où il est arrivé par avion le 20 septembre, l'homme n'avait aucun symptôme, a indiqué le directeur des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), le Dr Tom Frieden, lors d’une conférence de presse. Il a commencé à ressentir des symptômes le 24 septembre et a fait appel à un médecin deux jours après. Il a été hospitalisé le 28 à Dallas, où il a été mis en quarantaine.

Pour le Pr Stahl, « d'autres cas pourraient bien survenir aux Etats-Unis, voir même en France ». Il explique en effet que désormais l'épidémie d'Ebola ne sévit pas que dans les zones reculées ou forestières. Mais aussi en ville, et dans de grandes mégapoles africaines où l'on trouve des aéroports. « Regardez par exemple les cas signalés dans la capitale du Libéria, Monrovia », fait remarquer cet infectiologue.

Ecoutez le Pr Jean-Paul Stahl, infectiologue au CHU de Grenoble : « L'hypothèse d'un cas isolé d'Ebola qui se déclare en France est clairement envisagée... »


Foyer épidémique aux USA : un fantasme pour les infectiologues
Mais pour le Pr Jean-Paul Stahl, des foyers épidémiques dans des pays comme la France ou les Etats-Unis sont peu probables. « Parce que les patients malades ou suspects sont pris en charge très rapidement, et qu'il y a tout un système d'alerte en place pour prendre en charge les malades et leur entourage. Tout ça est prévu dans des plans », indique-t-il.
Résultat, normalement, s'il y avait un cas dans l'Hexagone, il serait pris en charge immédiatement et son entourage serait surveillé. Et pour le Pr Jean-Paul Stahl, il y a peu de chance qu'un patient échappe au système « car la symptomatologie d'Ebola est tellement grave que les patients consultent très rapidement, quelqu'en soit la raison : Ebola, ou pas. »
Un point de vue que partage le Pr Didier Raoult, infectiologue à la tête du laboratoire de microbiologie des hôpitaux de Marseille, pour qui une épidémie d'Ebola dans les pays développés est « un fantasme ». « Un cas secondaire est possible mais pas plus », pense-t-il.

Le sang reste le facteur majeur de contamination
De plus, le Pr Didier Raoult est sceptique concernant la déclaration du directeur des CDC, Dr Tom Frieden, selon laquelle il « possible que quelqu'un qui a été en contact avec cet individu puisse développer Ebola dans les semaines à venir. » La famille du patient a pourtant été mise en quarantaine.
L'infectiologue de Marseille pense pour sa part que « la transmission interhumaine dans les pays developpés restera execeptionnelle. Parcequ'il faut vraiment avoir un contact avec les fluides corporels du malade. En particulier le sang qui est le facteur majeur de contamination. Et en général, chez nous on ne met pas les mains dans le sang des malades. C'est comme ça que le virus se transmet en Afrique, notamment quand les gens nettoient les corps ou quand ils les transportent. Malheureusement, Ebola est une fièvre hémorragique. Du coup, les patients saignent à la fin. Mais en dehors d'un contact avec le sang d'un malade, la contamination est extrêmement faible », conclut-il.