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Malades du travail

Par Mathias Germain

MOTS-CLÉS :

Tout le monde connait le refrain chanté par Henri Salvador : « le travail c’est bon pour la santé, mais ne rien faire c’est la conserver »… Quels sont les liens entre le travail et la santé ?
Je vais apporter quelques bémols car ne rien faire, ce n’est pas bon sur le plan physique ni sur le plan mental… Avoir une activité professionnelle est bénéfique pour la santé. Cela a été démontré dernièrement chez les femmes par une grande étude américaine : les mamans actives sont en meilleure forme que les mamans qui n’ont pas d’activité professionnelle. Mais attention trop en faire, ce n’est pas bon non plus…

Les salariés qui travaillent plus de 11 heures par jour ont deux fois plus de risque de souffrir de dépression grave que les autres, selon une étude anglaise…
C’est ce qui a été constaté par des chercheurs qui ont suivi pendant près de 6 ans 2000 britanniques qui ne souffraient au départ d’aucun problème psychologique. Mais il y a aussi un autre problème qui est en train de s’accentuer. Certaines personnes deviennent des accros du boulot, de vrais dépendants au sens médical du terme. Ce phénomène semble s’accentuer aujourd’hui avec les nouvelles technologies, qui estompent de plus en plus la frontière entre vies privée et professionnelle… Smartphones, ordinateurs portables fournis par l'entreprise, décalage horaire pour ceux qui exercent à l'international, les employés sont de plus en plus poussés à travailler en dehors du bureau, quitte à le faire de manière excessive et compulsive...

C’est vraiment un phénomène sérieux ?
Suffisamment en tout cas pour que des chercheurs mettent au point des questionnaires pour dépister ces personnes dépendantes. Ainsi, tout récemment, une équipe norvégienne a développé un test («l'échelle de Bergen»). Il se fonde sur sept questions qui portent sur la tolérance, l'humeur, le repli sur soi, le conflit… Des critères spécifiques au monde du travail mais que l'on retrouve généralement dans la plupart des addictions, que ce soit l’alcoolisme, ou la drogue…

Cette dépendance est-elle reconnue comme une maladie professionnelle en France ?
Non, aucune définition médicale de l'addiction au travail n'est actuellement admise en France. Mais au Japon, le phénomène est reconnu comme une maladie professionnelle. C’est aussi le cas aux États-Unis, où le mot « workaholic » est apparu pour la première fois dans une revue de psychologie en 1968. Alors même si ce phénomène n’est pas encore reconnu en France, les psychologues et les médecins recommandent aux bourreaux du travail de consulter et d'en parler à leurs proches. Néanmoins, il est parfois difficile de reconnaître qu'on est « workaholic ». Comme toutes les addictions, il y a une source de plaisir et une certaine nécessité…