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Eradiquer l’Aedes aegypti

Dengue : le Brésil ouvre une usine à moustiques transgéniques

Par la rédaction avec Audrey Vaugrente

Au Brésil, la lutte contre la dengue avance d’un grand pas : une usine qui produira des moustiques transgéniques a été inaugurée. Grâce à elle, le vecteur de la maladie devrait disparaître.

James Gathany/AP/SIPA

Combattre la dengue à l’aide des moustiques. Le Brésil a officiellement inauguré ce 29 juillet son premier élevage de moustiques génétiquement modifiés. Pas moins de 550 000 insectes sont « produits » chaque semaine dans cette infrastructure futuriste.

 

10 millions par mois

Des moustiques « OGM » pour éradiquer la dengue du pays : c’est le pari un peu fou du Brésil, grâce à Oxitec, une entreprise britannique. L’usine à moustiques a été installée à Campina, dans la région de Sao Paulo. Elle devrait, à terme, produire jusqu’à 10 millions de moustiques par mois. Les insectes qu’elle produit sont un peu particuliers : ils ont été modifiés pour attirer les femelles Aedes aegypti, principal vecteur de la dengue, dans le but de copuler. Mais les larves produites n’atteindront pas l’âge adulte, car elles n’ont pas accès à un antibiotique qui leur permettra de survivre. Cela devrait permettre, via le mécanisme d’extinction progressive, de réduire la population de ces petites bêtes responsables de 800 morts depuis 5 ans.

 

Des oppositions vivaces

Il faudra encore que l’entreprise obtienne l’accord de l’Agence de veille sanitaire (Anvisa). Le combat n’est pas gagné d’avance : une première étude a été menée aux îles Caïman. Les moustiques transgéniques se sont bien accouplés avec les femelles non transgéniques. Mais la population d’individus libérés n’a pas suffi à démontrer un réel impact sur la population des moustiques. Ce n’est qu’avec une extrapolation que l’entreprise a conclu à l’efficacité de l’approche… dont elle n’a pas publié les résultats.

 

Le moustique « OGM » a aussi ses opposants. Une association écologiste brésilienne a récemment pointé le manque de données disponibles, et le risque que les jeunes moustiques porteurs de la mutation puissent survivre grâce à la pollution de l’environnement. Mais elle souligne surtout le risque principal de la disparition d’une espèce telle que l’Aedes aegypti : qu’il laisse la place à un autre insecte bien moins sympathique, le moustique tigre (Aedes albopictus), vecteur de la dengue et du chikungunya.

Il n’en reste pas moins que la Commission brésilienne en charge des OGM a donné son feu vert au projet. Et à moins de 2 ans des Jeux Olympiques d’été de Rio de Janeiro, l’approche suscite de grands espoirs.