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Contre les arythmies cardiaques

La thérapie génique pour remplacer le pacemaker

Par Audrey Vaugrente

Pour lutter contre certaines arythmies cardiaques, des chercheurs mettent au point un « pacemaker biologique » : ils reprogramment des cellules qui stimulent le coeur.

Bientôt la fin du pacemaker ? (Llewellyn Rober/SUPERSTOCK/SIPA)
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Plutôt qu’un pacemaker, des cellules qui joueraient le même rôle. Cette approche peu invasive est détaillée par des chercheurs du Cedars-Sinai Heart Institute dans la dernière édition de Science Translational Medicine. Ils proposent une technique de thérapie génique qui transformerait des cellules non spécialisées en cellules jouant le rôle de « pacemaker biologique. »

 

Un traitement de longue durée

Pendant douze ans, l’équipe a tenté de mettre au point une thérapie génique particulière, dans le but de traiter une arythmie cardiaque congénitale de manière moins invasive que le pacemaker. Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont sélectionné des cochons atteints de bloc cardiaque total. Cette affection se caractérise par une transmission ralentie ou interrompue des signaux électriques aux ventricules.

 

Via un cathéter, l’équipe a injecté aux cochons le gène TBX18, qui transforme des cellules cardiaques non spécialisées en cellules « pacemaker », qui stimulent le coeur. Les cochons dont le rythme cardiaque était le plus rapide deux jours après ont été suivis. Ce rythme s’est maintenu sur les 14 jours de l’étude. « A la base, nous pensions que les cellules « pacemaker biologique » seraient une thérapie de pont temporaire pour les patients qui souffrent d’une infection sur la zone d’implantation du pacemaker », analyse le Dr Eduardo Marban, directeur du Cedars-Sinai Heart Institute et principal auteur de l’étude. « Ces résultats montrent qu’en approfondissant les recherches, nous pourrions développer des traitements biologiques de longue durée. »

 

Traiter les foetus

Une telle méthode présenterait plusieurs avantages. Tout d’abord, il s’agit d’une méthode très peu invasive, qui résiste bien aux sollicitations de tous les jours. Elle peut s’avérer particulièrement précieuse chez les patients souffrant d’infections sur la zone d’implantation du pacemaker. Mais il serait surtout possible de traiter un bloc cardiaque très tôt… y compris chez des foetus. « Les bébés toujours en gestation ne peuvent pas recevoir de pacemaker, mais nous espérons collaborer avec des spécialistes de la médecine foetale pour créer un traitement vital par cathéter pour les enfants qui ont un bloc cardiaque congénital. Il est possible qu’un jour nous soyons capable de sauver des vies en remplaçant le matériel par une injection de gènes », estime le Dr Eugenio Cingolani, qui a collaboré à l’étude.

 

Si les résultats positifs se confirment, des essais cliniques sur l’homme sont possibles d’ici 3 ans, annoncent les chercheurs. Ils porteraient alors sur des patients atteints d’arythmie cardiaque qui ont développé des infections autour du pacemaker.