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Des lieux ouverts 7j/7

SOS Médecins ouvre des cabinets pour combler le manque de généralistes

Par Bruno Martrette

SOS Médecins inaugurait ce jeudi son deuxième lieu d’accueil fixe dans Paris. L'association ouvre de plus en plus de cabinets dans des grandes villes pour palier la pénurie de médecins. 

JAUBERT/SIPA
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SOS Médecins, tout le monde connaît. Leurs voitures font partie du paysage depuis bientôt 50 ans. Mais, peu de Français savent que ces spécialistes de la visite à domicile ont aussi des cabinets. A Lyon, Marseille, Nantes, Amiens, ou encore récemment à Bastia, dans toutes ces villes, SOS Médecins France a ouvert des lieux d'accueil fixe permettant aux patients sans offre de soins de consulter librement. Et pour tisser encore un peu plus sa toile sur l'ensemble du territoire, ce réseau de 70 associations d'urgentistes libéraux vient d'inaugurer ce jeudi le premier lieu d'accueil fixe dans la capitale ouvert sept jours sur sept. La nouvelle structure qui se situe au 128 boulevard Macdonald (Paris XIX) est ouverte depuis le mois de mars et fonctionne de 8H00 à 20H00, sauf le samedi matin. Le but de cette initiative : répondre aux besoins d'un quartier qui a une faible démographie médicale et qui jouxte plusieurs communes de banlieue, elles aussi sous dotées en offres de soins.

Combler la pénurie en médecins du week end
« Il y a des zones d'intervention, notamment dans l'est de Paris et dans le sud de la banlieue 93, où la densité médicale est particulièrement faible, »souligne le Dr Serge Smadja, président de SOS Médecins Paris Ile-de-France. Problème,  il y a dans ces mêmes zones une forte population.
Alors, pour améliorer sa réponse aux nombreuses demandes de soins qu'elle reçoit H24, l'association a décidé de mettre en place un deuxième point fixe de consultation dans la capitale, après celui ouvert boulevard Port-Royal (XIIIe) il y a dix ans. Tous deux ont pour mission de prendre en charge des patients en demande de soins urgents ou nécessitant des soins non programmés qui n'ont pas pu être effectués faute de médecins disponibles.
Petite précision du Dr Serge Smadja, en principe, ces consultations sont censées concerner, « uniquement de la petite urgence » (otite, bronchiolite, varicelle etc..). Le praticien insiste bien sur le fait qu'elles ne doivent surtout pas servir pour vacciner ou délivrer des certificats médicaux.

Et cette offre nouvelle, de plus en plus de Français y ont le droit. Car dans la quasi totalité des villes où SOS Médecins est présent (62), l'association a mise en place ses structures fixes d'accueil des patients. « Seule une ou deux villes n'en sont pas pourvues », précise le président de l'association en Ile-de-France. L'objectif du 100 % devrait bientôt être atteint, selon lui. 

Ecoutez le Dr Serge Smadja, secrétaire général de SOS Médecins France : « Nous ne sommes pas des médecins traitants. Il s'agit de prendre en charge les patients qui n'ont pas trouvé de solutions ailleurs. Ca rassure les riverains. »


Certains généralistes orientent déjà leurs patients
Toutefois, le Dr Serge Smadja insiste sur la philosophie de SOS médecins qui demeure avant tout une réponse au patient par la visite à domicile. « Il y a des tas de pathologies pour lesquelles elle est, et restera toujours indispensable. » Autrement dit, pas question de perdre son âme pour l'association, « car les patients y sont très attachés », répète-t-elle.

De leur côté, les médecins généralistes du secteur (est de Paris) ne semblent pas voir d'un mauvais oeil cette offre nouvelle qui peut pourtant leur sembler concurrente. Bien au contraire...
Par exemple, le Dr Sauveur Boukris, médecin généraliste dans le XVIIIe, estime que ces lieux fixes sont une bonne idée. « Surtout parce que dans tout Paris il y a une pénurie de médecins. Ce constat est encore plus alarmant dans l'est parisien et durant les week end. Moi je trouve ça formidable. C'est très bien qu'il y ait de nouvelles structures pour accueillir ces patients en diffilculté pour se faire soigner. C'est "un plus" proposé par SOS Médecins France qui va dans le bon sens. En fait, c'est complémentaire de ce que font les généralistes au quotidien. Le but de ce genre d'initiative c'est bien évidemment d'assurer la continuité des soins qui est essentielle. »
D'ailleurs, le Dr Sauveur Boukris confie que, bien souvent, il oriente déjà ces patients vers ce types de structures. « Dans notre salle d'attente, on a un panneau qui indique aux patients qu'il existe une structure dans le 19ème où des médecins de garde assurent des permanences tous les soirs. Il s'agit de la Maison médicale de garde Paris Nord-Est située à la Porte de Pantin. » 
Pourtant, ce généraliste exprime cependant une crainte. Celle de voir le patient consulter uniquement ce type de structure. Un danger, selon ce généraliste qui plaide pour un vrai suivi du patient qui ne peut être fait que part un véritable médecin traitant. 

Ecoutez le Dr Sauveur Boukris, médecin généraliste : « L'idéal serait que SOS Médecins informe le médecin traitant qu'un de ses patients est allé les voir. Pour un suivi de la pathologie sans case manquante. »  


Les urgentistes craignent une surconsommation de soins
Enfin, du côté de certains urgentistes hospitaliers, le son de cloche est un peu différent. « Le fait que la population puisse bénéficier de points de consultation fixes est plutôt une bonne chose. Mais ce qui pose problème, c'est qu'on est dans une formule commerciale qui place le patient en consommateur », explique pour sa part le Dr Christophe Prudhomme, porte parole de l’AMUF, l’association des médecins urgentistes de France.
Or, face au développement de ces structures ce médecin rappelle, comme les généralistes, que la bonne prise en charge des patients c'est par un médecin traitant. « Avec ces lieux fixes occupés par des équipes de médecins tournants qui fleurissent un peu partout, on constate de plus en plus que les patients n'ont plus de médecins traitants et qu'ils viennent consommer du soin parce que c'est plus simple d'avoir une consultation sans rendez-vous. Pourtant, si le malade ne consomme que de la consultation sans rendez vous et des urgences (lorsque c'est plus grave), comment fait-on ensuite pour le réintroduire dans un parcours de soins cohérent ? », interroge-t-il.

Par ailleurs, ce syndicaliste soutient que l'idéal est de redonner sa place au parcours de soins pour les patients dans les grandes zones urbaines. « Ponctuellement, oui, ça peut repondre à un besoin mais ça ne permet pas de prendre en charge correctement les patients dans la continuité ! »
Enfin, Christophe Prudhomme reconnaît que ces nouveaux lieux d'accueil fixes représentent un atout face au problème de la saturation des urgences. « C'est mieux que rien, même si ça reste un palliatif de plus. Mais le problème des urgences est beaucoup plus vaste. Il est dû au fait qu'il n'y a pas d'organisation correcte de l'offre des soins en ville. Croyez-moi, ce genre d'annonce ne rime pas avec la fin de nos soucis concernant l'engorgement de nos services. »

Ecoutez le Dr Christophe Prudhomme, porte parole de l’association des médecins urgentistes de France : « De nombreuses pathologies ne sont pas diagnostiquées lorsqu'on consomme des consultations sans cesse. En changeant constamment de médecins, le patient ne bénéficie pas d'un bon suivi médical...»