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Hôpital Ambroise-Paré

Chambres d’hôpital privatisées : l'affaire de l'Emir divise les médecins

Par la rédaction avec Audrey Vaugrente

Après la privatisation de plusieurs chambres d’un hôpital par un émir, de nombreux médecins ont pris position. Ils critiquent notamment les privilèges choquants dont il a bénéficié.

L'hôpital Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt (CHAMUSSY/SIPA)
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Les critiques fusent depuis la révélation de l’admission d’un émir à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). La semaine dernière, Le Canard Enchaîné soulignait que ce riche patient a fait privatiser le 7e étage de la structure, faisant grincer de nombreuses dents. Dans les colonnes du Journal du Dimanche (JDD) du 18 mai, le directeur de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) s’est défendu de tout traitement de faveur. Du côté des défenseurs de l’hôpital public, les avis sont partagés.

 

Un signe de la qualité des soins

« J’assume ce côté Robin des Bois », affirmait Martin Hirsch dans les colonnes du JDD. « A un moment où nous avons besoin de tous les moyens pour soigner les plus modestes, où nous devons maîtriser nos dépenses tout en innovant, gagner de l’argent sur ces patients qui en ont les moyens, cela ne me choque pas. » Il souligne que les 1 000 riches patients venus de l’étranger ont permis de dégager un bénéfice de 2,5 millions d’euros.

 

Ces bénéfices devront profiter aux « besoins de santé de la collectivité », souligne dans un communiqué le Mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP). Le Pr Bernard Granger, le Dr Nathalie de Castro et le Pr André Grimaldi, s’y félicitent du succès du « tourisme médical » en France. C’est le signe de la qualité des soins prodigués par les équipes françaises.
Le Dr Gérald Kierzek y voit lui un « privilège inadmissible » qui réduit encore le faible nombre de lits disponibles. « Pendant que l’AP-HP satisfait les désirs d’un émir, d’autres patients s’entassent dans des conditions indignes dans les salles d’attentes ou les couloirs des urgences », s’indigne cet urgentiste du groupe hospitalier Cochin Hôtel-Dieu Broca  dans une tribune parue sur le site du Figaro.

 

« Quelque chose d’indécent »

« C’est choquant, même s’il a payé : mettre à disposition un étage et permettre à une personne d’effectuer des travaux parce qu’elle est riche, ce n’est pas l’image de l’assistance publique », a déploré, de son côté, Jean-Marc Devauchelle, secrétaire général du syndicat Sud de l’AP-HP. En effet, l’émir a bénéficié d’aménagements des chambres et des repas. « Il ne saurait y avoir de prestation particulières pour les « riches étrangers » », critique le Pr Granger. « Réaliser des travaux de confort et réserver un étage entier pour satisfaire cette « clientèle » a quelque chose d’indécent quand on sait que les travaux tardent à être réalisés dans nombres d’établissements décrépis », abonde le Dr Gérald Kierzek.

 

Ces modifications ont été entreprises sur les deniers de l’émir, rétorque Martin Hirsch, tout en invoquant une majoration de 30 % des prestations. « Dérisoire », commente le MDHP, puisque cela ne permet pas à l’AP-HP de rentrer dans ses frais : « Dans la mesure où ces patients ne participent pas au financement de notre système de santé, la facture des soins dont ils bénéficient doit être majorée au moins du double du tarif officiel, affirme le Pr Granger. Mais au nom de l’égalité entre les patients, au cœur du système de soins français, les privilèges doivent être bannis.»