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Selon Initiative Transparence Santé

Mediator : un meilleur suivi aurait évité des centaines de prescriptions

Par Audrey Vaugrente

Dans l’affaire Mediator, l'Assurance maladie a fait preuve de relâchement, selon une association. A la veille de son interdiction, 300 000 personnes le prenaient toujours comme coupe-faim.

DURAND FLORENCE/SIPA

4 millions de boîtes du médicament Mediator remboursées à la veille de son interdiction, en novembre 2009. C’est au terme d’une longue bataille que l’association Initiative Transparence Santé (ITS) est parvenue à obtenir ces chiffres, délivrés « au compte goutte. » Ils soulignent, selon l’association, que la Caisse Nationale d’Assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) « a laissé perdure les prescriptions massives injustifiées. »

 

Le Sud de la France plus concerné

Les taux d’utilisation du Mediator, rendus publics par Initiative Transparence Santé, font froid dans le dos. Entre 2008 et 2010, près de 379 000 consommateurs ont été remboursés pour ce médicament. Parmi eux, une minorité était traitée pour un diabète. Le taux de prescription hors autorisation de mise sur le marché (AMM) est considérable : 80%. Selon les données fournies par la CNAMTS, les médecins généralistes sont massivement responsables de ces prescriptions comme coupe-faim, puisqu’ils sont une immense majorité (92%) à être à l’origine des remboursements. Endocrinologues et spécialistes de médecine interne suivent.

 

Les nombreux assurés qui ont reçu le Mediator comme coupe-faim se répartissent étrangement. Comme le montre la carte, élaborée par Initiative Transparence Santé, les départements du Sud de la France sont très largement dominants. PACA, Corse et Languedoc-Roussillon sont loin devant les autres régions, suivis du Nord-Pas-de-Calais. En revanche, l’Ouest de la France semble peut concerné par les prescriptions du Mediator à la veille de son interdiction.

 

Source : Initiative Transparence Santé/Cnamts

 

« L’inaction de la Cnamts »

Plus que l’ampleur de cette données, c’est « l’inaction de la CNAMTS dans cette affaire » que critique Iniative Transparence Santé. Car, en plus d’une opacité des chiffres « qui permettraient de comprendre les raisons qui ont conduit l’affaire Mediator à se produire », ITS estime qu’un « suivi plus strict des prescriptions accompagné d’une action auprès des médecins auraient permis d’en éviter probablement des centaines. » Selon une expertise judiciaire, le Mediator est responsable de 220 à 300 décès et pourrait, à terme, en causer encore 1300 à 1800 de plus.

 

En juillet dernier, une demande d’accès aux données de santé sur le médicament est adressée à la CNAMTS qui refuse. La Caisse d’Accès aux Documents Administratifs (CADA), en décembre 2013, contraint le directeur de l'Assurance maladie à les communiquer. « La base de données SNIRAM a été instituée […] pour, notamment, contribuer à la connaissance des dépenses de l’ensemble des régimes d’assurance-maladie et assurer la transmission aux professionnels de santé d’informations relatives à leur activité, à leurs recettes et à leurs prescriptions », signale l’avis.