- Les boissons sucrées impactent la santé mentale.
- Le lien entre la consommation de soda et un risque accru de dépression est surtout visible chez les femmes.
- Les chercheurs avancent que le microbiote pourrait être une cible thérapeutique de la dépression.
Les boissons sucrées comme les sodas n’augmentent pas uniquement le risque de caries, d’obésité et de diabète. Elles affectent aussi la santé mentale… via les intestins. C’est ce que révèlent des travaux réalisés par German Center for Diabetes Research et publiés dans le JAMA Psychiatry le 24 septembre 2025.
Dépression et boissons gazeuses sucrées : un lien très marqué chez les femmes
Cherchant à comprendre l’impact des boissons sucrées sur la psyché, l’équipe a repris les dossiers de 932 personnes âgées de 18 à 65 ans entre 2014 et 2018. 405 d’entre elles avaient été diagnostiquées avec des troubles dépressifs majeurs. Ces volontaires avaient été notamment interrogées sur leurs habitudes alimentaires. Les analyses ont montré une corrélation entre la consommation de boissons gazeuses et le diagnostic de dépression ainsi que la gravité des symptômes.
Ce lien était particulièrement fort chez les femmes. En effet, boire beaucoup de sodas augmentait leur risque de 17 % de souffrir de dépression et d’avoir des symptômes plus graves. La corrélation chez les hommes n'était pour sa part pas significative. "On ignore encore pourquoi cet effet ne se produit que chez les femmes. Des différences hormonales ou des réactions du système immunitaire liées au sexe pourraient jouer un rôle", ajoute les scientifiques.
Cibler le microbiote pour prévenir la dépression ?
Après avoir mis en lumière le lien entre les sodas et la santé mentale, les chercheurs ont voulu comprendre l’origine de cet effet nettement féminin. Ils ont eu alors l’idée d’observer de près le microbiote des femmes qui buvaient régulièrement des boissons gazeuses sucrées. L’équipe a découvert un taux très élevé de bactéries du genre Eggerthella dans leur intestin. Or, des études antérieures avaient montré que cet agent pathogène est plus fréquent chez les personnes souffrant de dépression.
Les auteurs concluent que "cette bactérie joue peut-être un rôle médiateur – en tant que lien biologique entre la consommation de boissons gazeuses et le développement de symptômes dépressifs".
"Nos données suggèrent que la relation entre les boissons gazeuses et les symptômes dépressifs se produit via l'influence du microbiome", ajoute le Dr. Sharmili Edwin Thanarajah, directeur de l'étude, dans un communiqué. Le scientifique et ses collègues ajoutent que cette découverte pourrait offrir une nouvelle piste thérapeutique. "Les changements dans le microbiome peuvent être influencés par l'alimentation – et sont donc une cible thérapeutique potentielle, explique l’expert. Même de petits changements dans le comportement des consommateurs pourraient avoir un grand impact, en particulier compte tenu de la consommation généralisée de boissons gazeuses."


