- Trois anticorps monoclonaux IgG2a "non neutralisants", c’est-à-dire qui ne préviennent pas la grippe mais mobilisent le système immunitaire pour éliminer l'infection, ont été mis au point par des chercheurs américains.
- Combinés à faible dose, les anticorps étaient efficaces avant et après l'infection grippale.
- Plus précisément, le cocktail a diminué la gravité de la maladie et la charge virale pulmonaire et a amélioré les taux de survie chez les souris en bonne santé et immunodéprimées.
Un traitement universel contre toutes les grippes ? C’est ce qu’avancent des chercheurs du Jackson Laboratory (JAX) aux États-Unis dans une étude publiée dans la revue Science Advances. Avant de le mettre au point, ils sont partis d’un constat : "les virus de la grippe restent une menace sanitaire mondiale, mais il n'existe aucun traitement universel par anticorps. Les programmes cliniques se sont concentrés sur les anticorps monoclonaux neutralisants, mais ils ont été contrecarrés par la spécificité des souches et l'échappement viral rapide."
Grippe : la combinaison des trois anticorps réduit les risques d'évasion des virus
Lors des recherches, l’équipe a remis en question une croyance de longue date selon laquelle, pour que les anticorps soient efficaces contre les virus, ils doivent être "neutralisants" et se lier directement aux virus pour les empêcher d'infecter les cellules. Ainsi, elle a conçu des anticorps monoclonaux IgG2a "non neutralisants", qui ne préviennent pas l'infection, mais marquent les cellules pulmonaires infectées et mobilisent le système immunitaire pour éliminer l'infection. Ensuite, les auteurs se sont concentrés sur une petite région hautement conservée de la protéine matricielle 2 du virus de la grippe, appelée M2e. "Cette partie du virus est essentielle à son cycle de vie et reste quasiment inchangée dans les cellules infectées de toutes les souches grippales, y compris les variants humains, aviaires et porcins."
Par la suite, le traitement a été testé sur des souris en bonne santé et immunodéprimées. Ces "trois anticorps monoclonaux" confèrent une protection prophylactique et thérapeutique robuste chez les souris exposées à diverses souches humaines et zoonotiques du virus de la grippe A, y compris des variants hautement pathogènes. Dans le détail, le cocktail d’anticorps a significativement réduit la gravité de la maladie et la charge virale pulmonaire. En outre, il a amélioré les taux de survie chez tous les rongeurs. Selon les scientifiques, le traitement n'a pas entraîné de résistance virale, même après des expositions répétées. Le séquençage a confirmé que "le virus n'a pas muté, même en utilisant des anticorps individuels", dans la région M2 du virus après 24 jours de traitement.
Une seule dose suffit même quatre jours après l'infection
Pour aller plus loin, l’efficacité du traitement sur le virus H7N9, un type de grippe aviaire potentiellement mortel pour les animaux et les humains, a aussi été testé. Résultat : une seule dose du cocktail diminuait la quantité de virus dans les poumons, même administrée quatre jours après l'infection. Cette réduction de la charge virale était corrélée à de meilleurs taux de survie. Toutes les souris ayant reçu le traitement ont survécu les trois premiers jours suivant l'infection, tandis que 70 % et 60 % ont survécu respectivement les quatrième et cinquième jours. "Nous pouvons utiliser de très faibles doses, ce qui est également prometteur car les thérapies potentielles pourraient être moins coûteuses et moins susceptibles de produire des effets secondaires indésirables chez l'Homme", ont conclu les auteurs qui travaillent sur la conception d'anticorps destinés aux essais cliniques.



