- Les jeunes enfants atteints de TDAH reçoivent souvent des médicaments juste après avoir été diagnostiqués. Ce qui est contraire aux recommandations.
- Il est en effet conseillé de privilégier les thérapies comportementales pour les enfants de moins de 6 ans atteints de TDAH.
- Les médecins ont expliqué leurs prescriptions précoces de médicaments aux enfants par le manque d'accès aux thérapies comportementales.
Concernant le trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), le monde médical s’accorde pour conseiller de privilégier les solutions non médicamenteuses pour les enfants de moins de six ans. Mais, une étude parue dans la revue JAMA Network Open le 29 août 2025 montre que les petits d’âge préscolaire suivent rapidement un traitement médicamenteux après leur diagnostic.
TDAH : 4 enfants préscolaires sur 10 reçoivent des médicaments après le diagnostic
L’American Academy of Pediatrics recommande que les enfants de 4 et 5 ans atteints de TDAH suivent une thérapie comportementale avec leur famille pendant au moins 6 mois avant de commencer à prendre des médicaments. Les chercheurs de l’école de médecine de l’université de Stanford ont voulu savoir si cette mesure était suivie. Ils ont pour cela repris les dossiers de près de 10.000 enfants de 3 à 5 ans diagnostiqués avec un trouble du neurodéveloppement.
Ils ont découvert que 42,2 % des enfants d'âge préscolaire ont reçu un traitement pharmaceutique dans le mois de leur diagnostic. Seulement 14,1 % des moins de 6 ans ont eu des médicaments pour la première fois plus de 6 mois après le diagnostic.
Les auteurs n’avaient pas d’informations sur le suivi ou non d’une thérapie comportementale, “mais comme les jeunes enfants sont censés essayer la thérapie seule pendant six mois avant de recevoir des médicaments, tous ceux qui ont reçu des médicaments plus tôt n'étaient probablement pas traités, selon les directives de l'académie”, estiment-ils.
De plus, les petits patients reconnus TDAH immédiatement étaient plus susceptibles d’avoir un traitement médicamenteux dans les 30 premiers jours que ceux ayant certains symptômes notés dans leur dossier médical, mais dont le diagnostic a été posé plus tard.
"Nous avons constaté que de nombreux jeunes enfants se voient prescrire des médicaments très peu de temps après le diagnostic de TDAH", explique l'auteur principal de l'étude, le Dr Yair Bannett dans un communiqué. "C'est inquiétant, car nous savons qu'une approche comportementale initiale du traitement du TDAH est bénéfique. Elle a un effet positif considérable sur l'enfant comme sur sa famille."
TDAH et thérapie comportementale : l'accessibilité au cœur du problème
"Nous ne nous inquiétons pas de la toxicité des médicaments pour les enfants de 4 et 5 ans, mais nous savons que le risque d'échec thérapeutique est élevé, car de nombreuses familles estiment que les effets secondaires l'emportent sur les bénéfices", précise le scientifique. Il a, en effet, été démontré que les traitements pharmaceutiques peuvent rendre les jeunes enfants plus irritables, émotifs et agressifs.
Après avoir échangé avec plusieurs médecins des enfants suivis, les scientifiques notent que l’une des principales raisons conduisant à une prescription rapide des cachets citées par les professionnels de santé est le manque de disponibilités ou l'accès difficile aux thérapies comportementales pour les jeunes enfants.
"Les médecins nous disent : Nous n'avons aucun endroit où envoyer ces familles suivre une formation en gestion comportementale. Alors, après avoir pesé le pour et le contre, nous pensons qu'il vaut mieux prescrire des médicaments que de ne pas proposer de traitement du tout", confie Dr Yair Bannett.
Afin d’améliorer la prise en charge des jeunes enfants atteints de TDAH, l’expert propose de former les pédiatres afin qu’ils connaissent l’ensemble des solutions accessibles comme les formations et ressources en ligne ou encore les téléconsultations.



