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Tumeur du foie

Une 1ère étude fait le lien entre bisphénol A et tumeur

Par Afsané Sabouhi

Chez la souris, l’exposition au bisphénol A pendant la gestation est associée à un risque très accru de tumeur du foie pour la descendance. C'est la 1ère étude à faire un lien entre le bisphénol et des tumeurs.

Le bisphenol est signalé par un triangle et les chiffres 7, 6 et 3. DURAND FLORENCE/SIPA

Le 17 janvier dernier, l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) pointait le foie comme l’un des organes les plus vulnérables aux potentiels effets toxiques du bisphénol A (BPA). Une étude publiée aujourd’hui dans la revue spécialisée Environnemental Health Perspectives confirme que ces craintes sont fondées et valables jusqu’à la 2e génération.

 

Un risque de tumeur du foie multiplié par 7

« Nous avons trouvé que 27% des souris exposées à l’un des 3 dosages de bisphénol A à travers l’alimentation de leur mère ont développé des tumeurs du foie et des lésions précancéreuses », explique Caren Weinhouse, chercheuse à l’Ecole de Santé publique de l’Université du Michigan et co-auteur de cette étude. Selon les auteurs, c'est la première fois qu'une étude fait le lien entre exposition au BPA et tumeurs caractérisées, les études précédentes n'avaient mis en évidence que des lésions précancéreuses. Plus l’exposition au bisphénol était importante et plus le risque de tumeurs était marqué. Les souris dont les mères ont reçu la dose de 50 mg de bisphénol A par kg d’aliment avaient 7 fois plus de risque de présenter une tumeur que celles dont les mères n’avaient pas été exposées au BPA pendant leur gestation.

« Une étude précédente dans laquelle des souris adultes avaient été exposées à des doses plus importantes de BPA n’avait pas montré ce lien avec le développement de cancer. Cela nous confirme que le timing de l’exposition et le dosage sont déterminants », précise Dana Dolinoy, une autre signataire de cet article. Il semblerait que le fœtus n’ait pas la même capacité que l’adulte à éliminer le bisphénol et que son foie le stocke davantage, augmentant ainsi le risque de développer des tumeurs.

 

Plus de protection naturelle pour les souris femelles

Dans cette étude, les tumeurs sont apparues dans les mêmes proportions chez les souriceaux mâles et femelles, ce qui a surpris les chercheurs. « En général, les femelles ont un plus faible risque de développement spontané du cancer du foie. Cette distinction a été effacée dans notre étude, les mâles comme les femelles ont développé des tumeurs au cours de leurs 10 premiers mois de vie », souligne Dana Dolinoy.

Ce développement de tumeurs non discriminant pour les deux genres est l’un des nombreux points qui restent à éclaircir pour une meilleure compréhension des effets du bisphénol A sur le foie chez la souris et in fine chez l’Homme. La prochaine étape pour cette équipe du Michigan est de déterminer des biomarqueurs précoces des tumeurs hépatiques chez ces souris exposées au BPA pour tenter de transposer ces signes précurseurs chez l’Homme.