Être élève en 2025, c’est un dilemme permanent : faire ses devoirs tout seul ou demander de l’aide à ChatGPT. Ceux qui optent pour la deuxième option ne font pas le bon choix, selon une nouvelle étude, disponible en prépublication.
Déléguer sa réflexion à ChatGPT est risqué
ChatGPT est une intelligence artificielle générative qui s’appuie sur les grands modèles de langue (ou LLM pour Large language models), c’est-à-dire un modèle qui possède de nombreux paramètres.
“Concrètement, ChatGPT et les autres agents conversationnels qui fonctionnent selon le même principe sont donc des outils capables de générer du texte (une réponse) qui suit une séquence d’amorçage (la question) en s’appuyant sur des modèles de langue construits à partir de vastes corpus de textes, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Ils prédisent la chaîne de mots (donc la réponse) la plus probable à la suite du texte entré par l’utilisateur (sa question)”.
Au quotidien, il est donc tout à fait possible de soumettre l’énoncé d’une rédaction à ChatGPT, qui ébauche un plan et rédige même l’intégralité du devoir. Mais déléguer sa réflexion à l’IA peut-il être dangereux pour notre propre capacité de réflexion ?
Pour répondre à cette question, des scientifiques ont suivi 54 étudiants et jeunes professionnels pendant quatre mois. Ceux-ci étaient répartis en trois groupes, en fonction de leur méthode de travail pour rédiger une rédaction :
- Le premier groupe utilisait ChatGPT
- Le deuxième un moteur de recherche classique
- Dans le troisième, appelé Cerveau-Seul, les participants n’utilisaient que leurs propres connaissances
Leurs copies étaient analysées par des enseignants humains et une IA. En parallèle, les chercheurs ont mesuré l’activité cérébrale des participants grâce à des électroencéphalogrammes (EEG).
Une meilleure connectivité cérébrale sans IA
Sans surprise, les jeunes du troisième groupe, Cerveau-Seul, avaient de bien meilleurs résultats en termes de connectivité cérébrale, ce qui suggérait une recherche sémantique créative, un engagement cognitif interne et un contrôle exécutif plus important que les autres groupes.
Les participants s’aidant d’un moteur de recherche avaient une connectivité cérébrale inférieure de 34 à 48 % selon l’ADN, en comparaison avec ceux du groupe Cerveau-Seul. Mais ce pourcentage était encore plus important chez les jeunes qui utilisaient ChatGPT : jusqu’à - 55 %.
Et cela a bien des conséquences sur l’apprentissage. Ceux qui utilisaient ChatGPT avaient du mal à restituer leur travail, ce qui montrent qu’ils n’en gardaient aucune connaissance. Durant l’étude, ceux-ci ont d’ailleurs systématiquement sous-performé aux niveaux neuronal, linguistique et comportemental.
Durant les quatre mois de suivi, les participants ont tous passé trois séances de rédaction, avec leurs aides respectives. Pour mesurer l’impact à long terme de l’IA, les chercheurs ont changé les groupes lors de la dernière, la quatrième séance. Les jeunes des premier (ChatGPT) et troisième (Cerveau-Seul) groupes ont été intervertis.
Résultats : quand les participants habitués à l’IA devaient réfléchir par eux-même, ils avaient une connectivité cérébrale réduite, signe d'un sous-engagement, comparativement aux autres participants. Cela signifie que l’usage de ChatGPT pourrait bien réduire les capacités cognitives à long terme.
“Si les LLM offrent une commodité immédiate, nos résultats mettent en évidence les coûts cognitifs potentiels”, indiquent les auteurs. À l’avenir, ils appellent à ce que d’autres études soient menées sur l’impact de l’IA sur le cerveau des jeunes afin de prendre, peut-être, des mesures pour préserver leurs capacités cognitives.