- Les médecins libéraux mettent en garde contre la forte présence du cadmium dans l'alimentation.
- Ce métal lourd est reconnu comme cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction.
- Plus d'un tiers des enfants de moins de 3 ans ont des expositions alimentaires dépassant la dose journalière tolérable par ingestion pour le cadmium.
"Un fléau de santé publique". C’est ainsi que les Unions régionales de professionnels de santé-médecins libéraux (URPS-Médecins libéraux) décrivent le cadmium dans leur lettre adressée au gouvernement le 2 mai 2025. Ils alertent contre l’exposition bien trop importante des Français, et surtout des enfants, à ce métal lourd classé cancérogène certain pour l’Homme.
Pancréas, foie, rein : le cadmium est pointé du doigt pour plusieurs cancers
Le cadmium est naturellement présent dans les sols, mais sa concentration peut devenir particulièrement importante par le biais d’activité humaine comme l’utilisation d’engrais ou la métallurgie. Les humains sont exposés à ce métal via leur alimentation. “En effet, dans le sol, il pénètre facilement dans les végétaux par leurs racines et entre ainsi dans la chaîne alimentaire”, explique l’Anses. On retrouve le cadmium dans les céréales, les pâtes, le pain, les pommes de terre et certains légumes comme les épinards. Les crustacés et mollusques, les abats, les biscuits sucrés et salés ou encore le chocolat peuvent aussi afficher des teneurs élevées.
Selon une étude de l’Anses, jusqu’à 36 % des enfants de moins de 3 ans et 14 % des 3-17 ans ont des expositions alimentaires au cadmium dépassant la dose journalière tolérable par ingestion.
Interrogé par France Info, le docteur Pascal Meyvaert, généraliste dans le Bas-Rhin et coordinateur du groupe de travail "Santé environnementale" de la Conférence nationale des URPS médecins libéraux, prévient : "le cadmium est à l'origine de l'explosion des cancers du pancréas". Par ailleurs, ce métal, qui a une durée de 10 à 20 ans, s'accumule dans le foie et dans les reins au fil des années. Ce qui soulève d’autres craintes. "On ne veut pas faire peur, mais ce sont quand même les cancers (du rein et du foie) qui nous inquiètent le plus", ajoute le médecin.
En plus d’être reconnu cancérogène, la littérature scientifique pointe également ses effets mutagènes et toxiques pour la reproduction. Il entraîne aussi des atteintes rénales et une fragilité osseuse lors d’une exposition prolongée.
Cadmium : "actionner les leviers nécessaires afin de protéger les citoyens, sans plus attendre"
"Dans un contexte d’urgence sanitaire parfaitement documentée scientifiquement, il est de notre devoir d’interpeller la puissance publique pour actionner les leviers nécessaires afin de protéger les citoyens, sans plus attendre", expliquent les médecins libéraux dans leur communiqué repris par l'Égora. Ils réclament une meilleure information sur cette problématique, via une campagne nationale de sensibilisation et la mise à disposition de documentation dans les cabinets médicaux.
Les professionnels de santé demandent aussi que la France s’aligne "le plus rapidement possible sur les recommandations de l’Anses sur la charge en cadmium maximale des engrais phosphatés". L’agence sanitaire conseille d’abaisser le taux de cadmium par kilo d’engrais phosphatés admissible à 20 mg contre 90 mg actuellement. La norme européenne recommande pour sa part 60 mg de cadmium/kilo.
En attendant, le docteur Pascal Meyvaert partage ses conseils pour limiter l’exposition au cadmium : "Faites attention à ce que vous donnez à manger à vos enfants, faites attention à ce que vous mangez vous-même et à l'origine de vos aliments. Essayez de varier au maximum votre alimentation et faites le plus confiance possible au label 'bio', si vos finances le permettent".