- Des températures plus élevées sont associées à une probabilité accrue de 70 % de souffrir de l’apnée du sommeil.
- Cependant, ces résultats variaient selon les régions. Les habitants des pays européens affichent des taux de ce trouble plus élevés que ceux des résidents en Australie et aux États-Unis.
- Les scénarios prévoyant des températures supérieures ou égales à 2 °C entraîneraient une multiplication par 1,5 à 3 de la charge de morbidité de l’apnée du sommeil d'ici 2100.
On le sait : les températures ambiantes élevées sont associées à des effets néfastes sur la santé. Elles peuvent notamment entraîner une réduction marquée de la durée et de la qualité du sommeil. "Cependant, leurs effets sur la gravité de l'apnée obstructive du sommeil et le fardeau social associé restent inconnus", ont indiqué des chercheurs de l’université Flinders (Australie). C’est pourquoi ils ont mené une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine.
Pour les besoins des recherches, ces derniers ont analysé les données de 116.200 personnes de 41 pays recueillies, de janvier 2020 à septembre 2023, à l’aide d'un capteur sous-matelas approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) pour estimer la gravité de l’apnée du sommeil. L'ensemble de données comprenait environ 500 mesures répétées par utilisateur. Les scientifiques ont ensuite comparé ces informations aux températures ambiantes sur 24 heures extraites de modèles climatiques.
Apnée du sommeil : une hausse des températures de 2°C multiplie par trois le fardeau d’ici 2100
Les travaux ont montré que la prévalence de l’apnée du sommeil était de 15 à 32 %, selon le pays. À l'échelle mondiale, des températures plus élevées (27,3 contre 6,4 °C) étaient associées à une augmentation de 70 % des risques de présenter ce trouble de la ventilation nocturne. L'ampleur de l'effet de l'association variait selon les pays et était généralement plus forte dans les pays européens (avec une hausse de 2 à 3 fois) qu'aux États-Unis ou en Australie.
"Le lien entre la température et la prévalence de l’apnée du sommeil était significative dans 29 pays. Dans ces territoires, l'augmentation de la prévalence de ce trouble liée au réchauffement en 2023 a été associée à une perte d’années de vie en bonne santé en 2023 due à une invalidité ou à un décès, ainsi qu'à une perte de productivité au travail."
Les auteurs ont également constaté que tout scénario impliquant une hausse des températures de 2 °C ou plus entraînerait une multiplication par 1,5 à 3 du fardeau de l’apnée du sommeil d'ici 2100. Ils estiment que le changement climatique a déjà accru le fardeau de ce trouble de 50 à 100 % depuis 2000.
"Des taux de diagnostic et de traitement plus élevés sont susceptibles de réduire le fardeau pour la santé"
Outre les preuves supplémentaires de la menace majeure que représente le changement climatique pour la santé et le bien-être des êtres humains, les chercheurs ont souligné l'importance de développer des interventions efficaces pour diagnostiquer et prendre en charge l’apnée du sommeil. "La forte prévalence de ce trouble non diagnostiqué et non traité amplifie l'effet du réchauffement climatique sur le fardeau sociétal associé à l’apnée du sommeil. Des taux de diagnostic et de traitement plus élevés sont susceptibles de réduire le fardeau pour la santé et la productivité dû à la hausse des températures et à la prévalence accrue de ce trouble."