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Mauvaise posologie, chambre non aérée...

La fièvre de l’enfant mal gérée par les parents

Par Bruno Martrette

Des traitements contre la fièvre mal dispensés, des chambres mal aérées, les parents savent mal comment faire baisser la température de leur enfant lors d'une poussée de fièvre. 

SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

La fièvre, rien de plus naturel. Tous les parents ont déjà connu une poussée de fièvre chez leur enfant. Dans ce cas, des gestes simples sont conseillés pour faire baisser la température. Mais ces recommandations, les parents français les connaissent ou les appliquent visiblement mal à leurs enfants. C'est en tout cas ce que révèle une enquête publiée récemment dans la revue scientifique américaine Plone One.

Des médicaments administrés à tort aux enfants
Pour savoir comment les Français se comportent face à la fièvre de leur enfant, et si ces attitudes concordent avec les recommandations officielles, des chercheurs d'une unité parisienne de l'Inserm (1) ont interrogé les parents de plus de 6 500 enfants âgés de un mois à douze ans et présentant une fièvre depuis moins de 48 heures.
Les résultats rapportés montrent tout d'abord que 89 % des parents mesurent bien la température de l’enfant que ce soit par voie rectale, orale, auriculaire ou axillaire (aisselles). A l'inverse, seuls 61 % d'entre eux savent que 38°C est le seuil défini pour indiquer que l’enfant a de la fièvre, et seulement 23 % conduisent correctement un traitement contre la fièvre , dit antipyrétique. Enfin, à peine 15 % des sondés disent respecter les mesures physiques contribuant au bien-être de l’enfant.

Concrètement, la grande majorité des parents interrogés débute aussi un traitement médicamenteux à tort, pour une température inférieure à 38,5°C. De plus, ils donnent moins de trois doses par jour à l’enfant alors que trois à six doses sont recommandées pour le paracétamol et l’ibuprofène, en respectant le délai entre chaque prise (entre 4 et 6 heures). Enfin, la majorité des parents n’aère pas la chambre de l’enfant.

L'inutilité du bain 
Toutefois, ces résultats mitigés cachent aussi quelques points d’amélioration au cours des dernières années, « avec notamment l’abandon progressif du bain, de l’utilisation d’aspirine ou encore de la prise simultanée de plusieurs médicaments », notent les chercheurs.
Plus surprenant, l’analyse du profil des parents interrogés montre également que le niveau de connaissances augmente avec celui de l’éducation. Ainsi, les auteurs estiment que des actions d’information adaptées aux parents de niveau socio-économique faible ou moyen porteraient leurs fruits.

Les recommandations des autorités sanitaires
Au final, les auteurs indiquent que « la fièvre chez l’enfant suscite parfois une peur irrationnelle qui tend à surcharger les cabinets de médecins et les urgences pédiatriques alors que des recommandations de bonne pratique ont été diffusées par des agences internationales et française pour gérer correctement ce symptôme. »
Celles-ci incluent la mesure de la température, la connaissance du seuil définissant la fièvre (38°C), l’indication pour débuter un traitement antipyrétique et la conduite du traitement (38,5°C, posologie, etc), et enfin, une série de mesures physiques contribuant à faire baisser la température (bonne hydratation orale, dévêtir l’enfant, baisser la température de la chambre et/ou aérer). L'alternance de différents médicaments n'a pas fait la preuve de son efficacité. Il faut donc choisir entre le paracétamol (4 ou 6 prises par jour), l'ibuprofène (3 ou 4 prises) et l'aspirine (4 à 6 prises par jour).

(1) Unité 953 Inserm/Université Paris 11 - Paris Sud/Université Paris Descartes, Recherche épidémiologique en santé périnatale et santé des femmes et des enfants, Maternité de Port-Royal, Paris