- La maladie de Parkinson connaît une progression fulgurante, avec un doublement des cas mondiaux depuis 2010 et une estimation de 25 millions de malades d'ici 2050.
- Si le vieillissement de la population est le principal facteur, l'exposition aux pesticides joue également un rôle majeur, notamment dans les professions agricoles.
- L'association France Parkinson appelle à une réduction des produits toxiques et à la relance d'un plan national de lutte contre les maladies neurodégénératives.
Vers une épidémie silencieuse ? En 2021, 12 millions de personnes étaient concernées par la maladie de Parkinson dans le monde. Un chiffre initialement attendu pour 2040. D’ici 2050, ce nombre devrait même plus que doubler pour atteindre les 25 millions. En France, 270.000 patients sont déjà diagnostiqués, avec 27.000 nouveaux cas chaque année. "Une personne sur cinquante sera touchée au cours de sa vie", alerte l'association France Parkinson dans un communiqué. Elle appelle à une mobilisation massive à l’occasion de la Journée mondiale du 11 avril dédiée à cette maladie neurodégénérative qui provoque des tremblements chroniques, des contractions musculaires douloureuses ou encore des troubles du langage.
Des causes environnementales indéniables
Dans le pays, le nombre de cas a doublé depuis 2010, et pourrait tripler d’ici 2050. Le principal responsable de cette hausse spectaculaire ? Le vieillissement de la population. L’Insee estime que plus d’un tiers des Français auront plus de 60 ans en 2050, contre 20 % il y a 25 ans. Ce facteur expliquerait 89 % de l’augmentation attendue des cas. Mais il ne suffit pas à expliquer un tel emballement.
Le rôle des pesticides dans l’apparition de la maladie fait aujourd’hui consensus chez les spécialistes. "Le facteur environnemental a également une part de responsabilité indéniable", insiste France Parkinson. Une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) de 2017 a notamment démontré un lien entre la densité de surfaces agricoles et l’incidence de la maladie. La présence de vignobles, en particulier, ferait grimper les cas de 10 %.
Professions à risque et responsabilité politique
Agriculteurs, vignerons, jardiniers… Les professions exposées aux produits phytosanitaires sont les plus touchées. "Les cas de Parkinson provoqués par ces produits toxiques auraient augmenté de 30 % en dix ans", selon le neurologue néerlandais Bas Bloem. Malgré les récentes restrictions de certains produits chimiques par l'Union européenne, comme le paraquat (un herbicide) et le dieldrine (un insecticide), l'autorisation prolongée du glyphosate suscite toujours l'indignation. France Parkinson, avec d’autres associations, demande un retrait immédiat de ce pesticide potentiellement lié à la maladie neurodégénérative.
Quelles solutions pour enrayer la crise ? France Parkinson plaide pour la relance urgente d'un plan national contre les maladies neurodégénératives, abandonné depuis 2019. L’association appelle aussi à s'inspirer du modèle des "Parkinson nurses" à l'anglo-saxonne : des infirmières spécialisées pour un meilleur accompagnement, notamment dans les zones rurales. Car au-delà des chiffres, c’est la qualité de vie des malades et de leurs proches qui est en jeu.