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Pédiatrie

Les ultrasons oculaires aident à détecter une défaillance de la dérivation cérébrale chez l’enfant

Par Chloé Savellon

L'utilisation d'une échographie oculaire peut permettre d'identifier rapidement et en toute sécurité les enfants présentant une défaillance du tube de drainage cérébral au service des urgences.

standret/iStock
Une dérivation ventriculaire consiste à installer un petit tuyau à l’intérieur du ventricule, pour évacuer le liquide hors du cerveau.
Les enfants qui en sont porteurs subissent généralement plusieurs tomographies et IRM par an, ce qui les expose à des radiations excessives et à la sédation.
Le changement du diamètre du nerf optique a permis d’identifier le dysfonctionnement de la dérivation.

Une dérivation ventriculaire est un petit tube en plastique implanté chirurgicalement qui draine l'excès de liquide. Selon l’Institut national du cancer, le liquide est évacué par ce drain, soit directement à travers le crâne (dérivation externe), soit dans une autre partie du corps, souvent l’abdomen (dérivation interne), ce qui soulage la pression sur le cerveau. Les enfants reçoivent des dérivations ventriculaires pour l'hydrocéphalie, une condition dans laquelle le liquide cérébral ne s'écoule pas ou ne se réabsorbe pas correctement en raison d'hémorragies cérébrales, de tumeurs ou d'autres causes.

Dérivation ventriculaire : les symptômes sont souvent non spécifiques

"Près de 30 % des dérivations ventriculaires fonctionnent mal, soit se cassent, se déplacent ou se bloquent, dans les deux ans qui suivent leur mise en place, et 5 % d'entre elles tombent en panne chaque année par la suite, selon les experts", ont déclaré des chercheurs de l’Hospital for Sick Children à Toronto (Canada). Lorsqu'un patient se rend aux urgences pour une défaillance potentielle de la dérivation, ses symptômes sont souvent non spécifiques, notamment des maux de tête, des vomissements et de la fatigue. La défaillance de la dérivation met la vie en danger et les enfants qui en sont porteurs subissent généralement plusieurs tomographies et IRM par an, ce qui les expose à des radiations excessives et à la sédation. Une accumulation de liquide provoque un gonflement de la gaine du nerf optique, qu’il est possible de mesurer à l'aide d'une échographie oculaire.

53 % des jeunes participants présentaient une hydrocéphalie congénitale

Dans une récente étude, l’équipe canadienne a voulu savoir si le changement du diamètre du nerf optique lorsqu'un patient présente des symptômes et lorsqu'il est en bonne santé pouvait aider à déterminer si une dérivation est bloquée. Pour les besoins de leurs travaux, elle a examiné 76 paires de scanners qui ont été réalisées sur 58 enfants asymptomatiques ayant subi une dérivation. L'âge moyen des jeunes patients était d’environ 7 ans et 65,8 % étaient des garçons. Selon les données, 53 % des enfants présentaient une hydrocéphalie congénitale, 21 % une tumeur, 53 % ont été admis à l'hôpital et 21 % sont allés au bloc opératoire.

Changer le diamètre du nerf optique pour identifier une défaillance de la dérivation ventriculaire

Les résultats, qui ont été présentés lors du congrès de la Pediatric Academic Societies 2024 ayant lieu du 2 au 6 mai à Toronto, le changement du diamètre du nerf optique était significativement associé au dysfonctionnement de la dérivation, alors que le changement de l'élévation de la papille optique ne l'était pas. Le changement du diamètre du nerf optique était aussi lié à l’augmentation de la taille du ventricule, à l’œdème interstitiel périventriculaire ou à l’effacement des sillons corticaux. "L'absence du changement de l'élévation de la papille optique chez les patients ayant subi une dérivation ne doit pas rassurer à tort. D'autres recherches sont nécessaires pour déterminer si le changement du diamètre du nerf optique contribue positivement aux règles de prédiction clinique de l'échec de la dérivation", ont conclu les auteurs.