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Maladies cardiaques

Microbiote intestinal : certaines bonnes bactéries réduisent le cholestérol

Par Sophie Raffin

Plusieurs bactéries faisant partie du microbiote intestinal aideraient à métaboliser le cholestérol et réduiraient ainsi les risques de maladies cardiaques.

iLexx/istock
Les modifications du microbiome intestinal ont été impliquées dans diverses maladies, notamment le diabète de type 2, l’obésité et les maladies inflammatoires de l’intestin. Une nouvelle étude montre qu'elles peuvent aussi influencer la santé cardiaque.
En effet, plusieurs espèces de bactéries comme celles du genre Oscillibacter sont capables de métaboliser le cholestérol. Les personnes qui en possèdent beaucoup dans leur intestin, ont un taux de cholestérol plus faible, et donc moins de risques cardiaques.
Selon les chercheurs, leur étude suggère que des interventions qui manipulent le microbiome de manière spécifique, pourraient un jour contribuer à réduire le cholestérol chez les humains.

Le microbiote intestinal joue un rôle décisif dans la santé en étant impliqué aussi bien dans la digestion, le système immunitaire, le cerveau, et même l’humeur. Une nouvelle étude, menée par une équipe de chercheurs du Broad Institute du MIT et de Harvard, ainsi que du Massachusetts General Hospital, montre qu’il pourrait aussi influencer la santé du cœur.

Selon l’article publié dans la revue Cell le 2 avril 2024, des espèces spécifiques de bactéries du microbiote consomment le cholestérol présent dans l'intestin et contribuent ainsi à réduire le taux de cholestérol et le risque de maladie cardiaque chez l'Homme.

Microbiote : les bactéries Oscillibacter absorbent le cholestérol

Pour mieux comprendre le lien entre santé cardiaque et microbiote intestinal, les scientifiques ont analysé les métabolites et les génomes microbiens de plus de 1.400 participants. Les résultats ont révélé que des bactéries, appelées Oscillibacter, métabolisent le cholestérol de leur environnement. De plus, les personnes qui avaient une grande quantité de ces microorganismes dans leur intestin, avaient des taux de cholestérol plus faibles que les autres. "Les chercheurs ont découvert que les espèces du genre Oscillibacter étaient étonnamment abondantes dans l’intestin, représentant en moyenne 1 bactérie sur 100", précise le communiqué.

Ils ont ensuite voulu comprendre le mécanisme utilisé par ces bactéries pour désagréger le cholestérol. Ils ont alors découvert qu’elles le transformaient en produits intermédiaires qui pouvaient ensuite être décomposés par d’autres microorganismes puis excrétés.

Une autre espèce bactérienne intestinale, Eubacterium coprostanoligenes, contribue également à la diminution du taux de cholestérol. "Cette espèce est porteuse d’un gène dont les scientifiques avaient précédemment montré qu’il était impliqué dans le métabolisme du cholestérol. Dans ces nouveaux travaux, l'équipe a découvert qu'Eubacterium pourrait avoir un effet synergique avec Oscillibacter sur les taux de cholestérol. Ce qui suggère que de nouvelles expériences étudiant des combinaisons d'espèces bactériennes pourraient aider à faire la lumière sur la manière dont différentes communautés microbiennes interagissent pour affecter la santé humaine", concluent les auteurs.

Cholestérol et microbiote : mieux comprendre le mécanisme

Pour les chercheurs, leur découverte pourrait aider à développer une nouvelle cible thérapeutique dans la lutte contre l’excès de cholestérol. Elle est aussi susceptible de permettre de mettre en lumière d’autres voies métaboliques similaires influencées par les microbes intestinaux.

"En raison du grand nombre de gènes aux fonctions inconnues dans le microbiome intestinal, il existe des lacunes dans notre capacité à prédire les fonctions métaboliques", explique Chenhao Li, copremier auteur de l’étude. "Nos travaux mettent en évidence la possibilité que des voies supplémentaires du métabolisme des stérols puissent être modifiées par les microbes intestinaux. Il y a potentiellement beaucoup de nouvelles découvertes à faire qui nous rapprocheront d’une compréhension mécaniste de la façon dont les microbes interagissent avec l’hôte."