ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Les troubles de l'horloge biologique affectent la santé mentale

Psychiatrie

Les troubles de l'horloge biologique affectent la santé mentale

Par Chloé Savellon

Les problèmes de sommeil et du rythme circadien peuvent déclencher ou aggraver des troubles mentaux.

SB Arts Media/iStock
L’adolescence est une période durant laquelle les personnes sont le plus à risque de développer des troubles mentaux et où les perturbations du sommeil et des rythmes circadiens sont les plus importantes.
Les adultes génétiquement prédisposés à un changement réduit des niveaux d'activité entre les phases de repos et d'éveil ont plus de risque de souffrir de dépression, d'instabilité de l’humeur et de névrose.
Cependant, le fait de s’exposer à la lumière et de passer du temps à l’extérieur est associé à une probabilité plus faible de troubles de l'humeur.

Le sommeil, l’horloge interne et la santé mentale sont étroitement liés. La perturbation de la qualité, de la continuité et de la synchronisation du sommeil peut faire apparaître ou exacerber les symptômes psychiatriques chez les personnes sensibles. Selon de précédentes recherches, 32 % des adultes atteints de troubles bipolaires s'endorment et se réveillent plus tard que d'habitude. Les processus de leur horloge biologique avaient sept heures d'avance pendant les épisodes maniaques et quatre à cinq heures de retard pendant la phase dépressive. En parallèle, il a été prouvé que les traitements ciblant les perturbations du sommeil et du rythme circadien pouvaient atténuer les troubles mentaux.

Adolescence : des "changements physiologiques" liés au sommeil combinés à des "changements de comportement"

"Malgré les progrès réalisés dans l'élucidation des mécanismes sous-jacents, il manque une approche cohérente qui intègre les interactions dynamiques entre les troubles psychiatriques et les processus du sommeil et du rythme circadien", a indiqué une équipe internationale de chercheurs. Ainsi, dans une récente étude, ils ont examiné les observations faites chez les adolescents et les jeunes adultes, qui présentent le plus grand risque de développer des troubles mentaux et pour lesquels la détection et l'intervention précoces sont le plus bénéfique.

"Au cours de l'adolescence, les changements physiologiques dans la façon dont nous dormons se combinent avec des changements de comportement, comme le fait de se coucher plus tard, de dormir moins les soirs d'école et de faire la grasse matinée les week-ends", ont expliqué les scientifiques. D’après Nicholas Meyer, auteur principal des travaux publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, cette variabilité de la durée et du moment du sommeil peut entraîner un décalage entre l’horloge biologique et les rythmes veille-sommeil. Cela peut accroître le risque de troubles du sommeil et d'effets néfastes sur la santé mentale.

Dépression, névrose : les adultes génétiquement prédisposés à des troubles de l’horloge biologique sont à risque

Dans le cadre de l’étude, les auteurs ont aussi examiné le rôle des gènes, de l'exposition à la lumière, de la neuroplasticité et d'autres facteurs possibles. Selon les résultats, les personnes génétiquement prédisposées à un changement réduit des niveaux d'activité entre les phases de repos et d'éveil sont plus susceptibles de souffrir de dépression, d'instabilité de l'humeur et de névrose. Des enquêtes menées auprès de la population ont montré que le temps passé à l'extérieur était associé à une probabilité plus faible de troubles de l'humeur.

"Cibler des facteurs de risque liés au sommeil et au rythme circadien offre la possibilité de mettre au point de nouvelles mesures préventives et de nouvelles thérapies. Certaines d'entre elles sont des considérations au niveau de la population, telles que l'horaire des journées d'école et de travail, ou des changements dans l'environnement bâti afin d'optimiser l'exposition à la lumière. D'autres sont des interventions personnalisées adaptées aux paramètres circadiens individuels", a déclaré Renske Lok, co-auteur de l’étude.