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Semaine de sensibilisation à la maladie du foie gras

Stéatose hépatique : on comprend mieux comment le sport réduit sa gravité

Par Alexandra Wargny Drieghe

Une nouvelle étude montre comment les exercices physiques modérés aident à lutter contre la stéatose hépatique non alcoolique, ouvrant la voie à la conception de nouvelles thérapies pour prévenir sa progression.

Iván Jesús Cruz Civieta/Istock
Dans le cas de la stéatose hépatique ou stéatohépatite non alcoolique, on retrouve une forte concentration de gouttelettes lipidiques qui s’accumulent dans les cellules hépatiques, d’où le terme de “maladie du foie gras”.
Cette étude révèle qu'une activité physique modérée dans le temps, aide à métaboliser les graisses en réduisant la taille des gouttelettes lipidiques, et donc la gravité de la maladie.
Les chercheurs ont également découvert que la protéine Mfn-2 participe à la régulation de la composition en acides gras des membranes mitochondriales en réponse à l’exercice, ouvrant la porte à de potentielles futures thérapies.

La stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) progresse de façon inquiétante dans le monde, notamment dans les pays industrialisés. En France, on estime sa prévalence entre 20 % et 25 %, soit au moins un Français sur cinq. “Il n’y a pas, à ce jour, de médicaments pour traiter la NASH”, nous expliquait dans un précédent article la gastro-entérologue Dr Pauline Guillouche. Aujourd’hui, la prise en charge passe par la nutrition et l’exercice physique. Mais jusqu’à présent, les scientifiques ne savaient pas expliquer les mécanismes biologiques induits par le sport pour prévenir la maladie. À ce titre, une nouvelle étude menée sur des souris mâles atteintes d’une NASH, et publiée dans le numéro de mars 2024 de la revue Metabolism, nous en apprend un peu plus. 

Foie gras : une accumulation de gouttelettes lipidiques dans les cellules hépatiques

Avant d’entrer dans les détails de cette recherche, il convient de noter que :
- les gouttelettes lipidiques sont des réserves de lipides neutres, c’est-à-dire des graisses, présentes dans quasiment toutes les cellules pour réguler leur équilibre énergétique ;
- les mitochondries sont des organites présents dans les cellules pour créer l’énergie nécessaire à leur fonctionnement.

Dans le cas de la stéatose hépatique ou stéatohépatite non alcoolique, on retrouve une forte concentration de gouttelettes lipidiques qui s’accumulent dans les cellules hépatiques, d’où le terme de “maladie du foie gras”.

L'interaction entre les gouttelettes lipidiques et les mitochondries est fonctionnellement importante pour l'homéostasie [phénomène biologique par lequel un facteur clé est maintenu autour d'une valeur bénéfique pour le système organique, ndlr] du métabolisme des graisses. L'exercice améliore la stéatose hépatique, mais jusqu'à présent, on ne savait pas si la maladie avait un impact direct sur les interactions entre les gouttelettes lipidiques hépatiques et les mitochondries”, explique l’une des auteures de la recherche, la professeure María Isabel Heràndez-Alvarez, de la Faculté de Biologie de l'Université de Barcelone, de l'Institut de Biomédecine (IBUB) et du Centre de Recherche Biomédicale en Réseau sur le Diabète et les Maladies Métaboliques Associées (CIBERDEM).

L’activité physique modérée dans le temps aide à stabiliser les graisses

Nos résultats révèlent que les exercices d’aérobie, c’est-à-dire une activité physique modérée dans le temps, aide à métaboliser les graisses, car elle réduit la taille des gouttelettes lipidiques, et donc la gravité de la maladie, détaille la chercheuse. Par conséquent, les besoins énergétiques induits par l’exercice déterminent des changements régulés dans les relations physiques et fonctionnelles entre les gouttelettes lipidiques et les mitochondries.” L’analyse montre également que les effets de l’exercice sur les niveaux de triglycérides hépatiques étaient indépendants des changements de poids corporel.

Réduire l’inflammation de la fibrose hépatique grâce à la mitofusine 2

Les chercheurs ont également découvert une connexion jusqu'ici méconnue entre ces gouttelettes lipidiques et les mitochondries, à travers la mitofusine 2 (Mfn-2), une protéine située sur la membrane externe de ces organites.

Dans le cas des souris dépourvues du gène Mfn-2 , exposées à une activité physique, nous n’avons pas observé de changements dans la saturation et le métabolisme des acides gras. Ces résultats montrent que la protéine Mfn-2 participe à la régulation de la composition en acides gras des membranes mitochondriales en réponse à l’exercice.

Selon l’auteure, “la protéine Mfn-2 régulerait la courbe de la membrane mitochondriale en favorisant l'oxydation des graisses dans une population spécifique de mitochondries, grâce à son interaction et sa capacité à former des domaines spécifiques avec les phospholipides membranaires”.

Compte tenu des fonctions de Mfn-2 dans la morphologie mitochondriale et dans le foie, les manipulations thérapeutiques des niveaux et de l’activité de Mfn-2 pourraient contribuer à l’amélioration de l’inflammation et de la fibrose liées à la maladie du foie gras”, conclut la scientifique.