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Douleur

Pourquoi certaines personnes ont-elles mal à la tête après avoir bu du vin rouge ?

Par Chloé Savellon

Un flavanol présent dans le vin rouge pourrait interférer avec le métabolisme de l'alcool et provoquer des céphalées.

Jag_cz/iStock
Le vin rouge contient beaucoup plus de quercétine, un flavanol présent dans les fruits et légumes, que les autres boissons alcoolisées.
Lorsque ce flavanol est assimilé par réaction métabolique avec de l'alcool, il inhibe l’enzyme ALDH2, qui métabolise l’acétaldéhyde, à savoir une toxine, un irritant et une substance inflammatoire.
Cela va entraîner des niveaux élevés d'acétaldéhyde dans l’organisme et l’apparition de maux de tête, de rougeurs et de nausées chez les personnes prédisposées.

Chez certains adultes, un mal de tête peut survenir dans les 30 minutes à trois heures qui suivent la consommation d'un verre, même petit, de vin. "La cause de cet effet a été attribuée à un certain nombre de composants, souvent à la teneur élevée en composés phénoliques du vin rouge, mais le mécanisme n'a pas été élucidé", ont indiqué des chercheurs à l’université de Californie à Davis (États-Unis). C’est pourquoi ils ont réalisé une étude.

La quercétine entraîne des niveaux élevés d'acétaldéhyde et l'apparition de maux de tête

Dans le cadre de leur étude, parue dans la revue Scientific Reports, les scientifiques ont émis une hypothèse selon laquelle un composé naturel serait responsable de l’apparition des céphalées. Il s’agit d’un flavanol, appelé "quercétine", qui est naturellement présent dans les fruits et légumes, y compris le raisin. Il est considéré comme un antioxydant. Cependant, lorsqu'il est métabolisé avec de l'alcool, il peut poser problème. "Lorsque ce composé pénètre dans le sang, l'organisme le transforme en une forme différente appelée 'glucuronide de quercétine'", a expliqué Andrew Waterhouse, co-auteur des recherches, dans un communiqué.

En conséquence, les consommateurs peuvent finir par accumuler de l’acétaldéhyde. Il s’agit d’une toxine, un irritant et une substance inflammatoire bien connu. "Les chercheurs savent que des niveaux élevés d'acétaldéhyde peuvent inhiber la variante ALDH2 (l'enzyme qui la métabolise) et provoquer des rougeurs au visage, des maux de tête et des nausée", a précisé Apramita Devi, professeur qui a dirigé l’étude.

Rougeurs, céphalées : certains consommateurs de vin rouge seraient plus prédisposés que d’autres

D’après Andrew Waterhouse, des bouffées vasomotrices et des céphalées, qui sont attribués à un dysfonctionnement de l’enzyme ALDH2, apparaissent également chez les personnes alcooliques qui prennent du disulfirame. Cela s'explique par le fait que ce médicament cause aussi l'accumulation de l’acétaldéhyde dans l'organisme, alors que l’enzyme de l'organisme devrait normalement la décomposer. Les auteurs ont ainsi supposé que lorsque des "adultes vulnérables" consomment du vin contenant même des petites quantités de quercétine, elles présentent de maux de tête, "en particulier si elles souffrent d'une migraine préexistante ou d'un autre mal de tête primaire".

Désormais, l’équipe compte vérifier cette théorie en recrutant et en suivant des personnes qui développent des maux de tête après avoir bu du vin rouge dans le cadre d’un essai clinique.