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Prévention

Cancer du sein : un risque de surdiagnostic chez les femmes âgées ?

Par le Dr Caroline Pombourcq

Selon une étude américaine, les examens de dépistage entraineraient un risque de surdiagnostic de cancer du sein chez les femmes âgées de plus de 70 ans.

Selon une étude américaine, les femmes âgées de plus de 70 ans présenteraient un risque de surdiagnostic du cancer du sein par les examens de dépistage.
Les auteurs n’ont constaté aucune réduction statistiquement significative de la mortalité spécifique au cancer du sein associée au dépistage. Cette étude ne permet pas de tirer des conclusions sur les avantages et les inconvénients du dépistage.
Les examens de dépistage du cancer du sein restent un moyen efficace de détection et de traitement précoces, augmentant ainsi les chances de guérison.

La mammographie de dépistage est un moyen efficace de dépistage du cancer du sein chez la femme. Cependant, une étude américaine a montré des limites pour les femmes âgées compte tenu d’un risque élevé de surdiagnostic. Cela correspondant au fait de diagnostiquer un problème qui, s’il n’avait pas été découvert n’aurait pas causé de symptômes ni de décès. Autrement dit, c’est la détection d’une anomalie sans qu’il y ait de bénéfice à tirer du traitement précoce de la personne concernée.

Un dépistage systématique pour toutes les femmes à partir de 50 ans

En France, ce dépistage par mammographie est proposé systématiquement aux femmes dès 50 ans et jusqu’à 74 ans par l’Assurance Maladie. Et c’est également le cas aux Etats-Unis.

Une étude de cohorte rétrospective parue en août 2023 dans Annals of Internals Medicine a suivi 54.635 femmes de 50 ans et plus sur une période allant jusqu’à 15 ans. Le but de l’équipe du Dr Ilana Richman de la Yale School of Medicine à New Haven (Connecticut) était de déterminer le risque de surdiagnostic en tenant compte de l’espérance de vie des participantes.

Cancer du sein : un surdiagnostic qui augmente au fil des âges

Cette analyse a montré que chez les femmes âgées de 70 à 74 ans, 31 % des cancers du sein découverts chez les participantes dépistées étaient potentiellement surdiagnostiqués. Pour celles de 75 à 84 ans, ce sont 47 % des cas de cancer qui étaient potentiellement surdiagnostiqués. Et pour les femmes âgées de 85 ans et plus, le surdiagnostic pouvait aller jusqu'à 54 %.

Cependant, les auteurs n’ont constaté aucune réduction statistiquement significative de la mortalité spécifique au cancer du sein associée au dépistage. Et cette étude a été conçue pour estimer uniquement le surdiagnostic, ce qui limite la capacité des chercheurs à tirer des conclusions sur les avantages et les inconvénients du dépistage.

Faire un dépistage du cancer du sein à un âge avancé est certainement lié à la découverte de nouveaux cas parmi les patientes. Ce qui favorise également le surdiagnostic dans cette population.

Cancer du sein : le dépistage systématique reste un excellent outil

La question est de savoir si les inconvénients du surdiagnostic du cancer du sein sont compensés par les avantages. Certaines spécialistes scientifiques estiment que le surdiagnostic peut être responsable de répercussions psychologiques. En effet, les conséquences des examens, des traitements, sans oublier les impacts financiers pour la personne mais aussi pour la société. Selon eux, il faut aussi prendre conscience des risques de ces traitement souvent difficiles ayant des effets secondaires notables parfois mortels.

Cependant, il ne faut pas dresser des conclusions hâtives et d’autres études semblent nécessaires pour confirmer les chiffres de ce surdiagnostic. N’oublions pas que chez les femmes entre 50 et 74 ans, la mammographie de dépistage est un examen important qui permet de détecter les cancers à un stade précoce et donc une prise en charge rapide, augmentant ainsi les chances de guérison.