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Santé mentale

Dépression : un nouveau sous-type résistant aux anti-dépresseurs identifié

Par Chloé Savellon

Cette dépression, appelée "biotype cognitif", concernerait environ un quart des patients.

kitzcorner/iStock
Des chercheurs américains et australiens ont identifié un nouveau sous-type de dépression, appelée "biotype cognitif".
À l'aide d'enquêtes, de tests cognitifs et d'imagerie cérébrale, les auteurs ont découvert qu’il concernerait environ 27 % des patients dépressifs.
Les antidépresseurs couramment prescrits ne seraient pas efficaces pour traiter ce sous-type de dépression.

"Les déficits cognitifs dans la dépression ont été associés à une faible capacité fonctionnelle, à un dysfonctionnement des circuits neuronaux frontaux et à une moins bonne réponse aux antidépresseurs. Cependant, on ne sait pas si ces déficiences se combinent pour identifier un sous-groupe cognitif spécifique de personnes souffrant d'un trouble dépressif majeur et dans quelle mesure ces déficiences influencent les résultats des antidépresseurs", ont indiqué des chercheurs américains et californiens. C’est pourquoi ils ont réalisé une étude durant laquelle ils ont découvert un nouveau sous-type de dépression, nommé "biotype cognitif".

"Dépression cognitive" : 27 % des patients dépressifs présentaient un ralentissement cognitif

Dans le cadre des travaux, publiés dans la revue JAMA Network Open, les scientifiques ont recruté 1.008 adultes souffrant d'un trouble dépressif majeur sans traitement préalable. Les participants ont reçu au hasard l'un des trois antidépresseurs largement prescrits : l'escitalopram ou la sertraline, qui agissent sur la sérotonine, ou la venlafaxine-XR, qui agit à la fois sur la sérotonine et la norépinéphrine. Au total, 712 personnes ont suivi le traitement de huit semaines. 

Avant et après la prise de médicaments, les symptômes dépressifs des volontaires ont été évalués à l'aide de deux enquêtes. Leurs fonctions cognitives, plus précisément leur mémoire verbale, leur mémoire de travail, leur vitesse de décision et leur attention, ont été aussi mesurées grâce à des tests. Pour les besoins de l’étude, l’équipe a également examiné leurs scanners cérébraux.

Selon les résultats, 27 % des personnes dépressives seraient touchées par le "biotype cognitif". Les auteurs ont précisé que ces patients avaient des difficultés de planification, à faire preuve de maîtrise de soi, à rester concentrés malgré les distractions et à ne plus avoir de comportements inappropriés. Les scanners ont aussi montré une diminution de l'activité dans deux régions de leur cerveau responsables de ces tâches. 

La "dépression cognitive" n'est pas traitée efficacement par les antidépresseurs

Après le traitement, les scientifiques ont constaté que pour les trois antidépresseurs administrés, les taux de rémission globaux (soit l'absence de symptômes de dépression) étaient de 38,8 % pour les personnes présentant le "biotype cognitif" et de 47,7 % pour ceux qui ne l'avaient pas. Cette différence était particulièrement marquée pour la sertraline, pour laquelle les taux de rémission étaient respectivement de 35,9 % et de 50 % pour les participants porteurs du biotype et celles qui n'en étaient pas porteurs.

"Cette recherche est cruciale car les psychiatres disposent de peu d'outils de mesure de la dépression pour prendre des décisions thérapeutiques", a déclaré Laura Hack, auteur principal de l'étude, dans un communiqué. "La dépression se manifeste de différentes manières selon les personnes, mais la découverte de points communs - comme des profils similaires de fonction cérébrale - aide les professionnels de la santé à traiter efficacement les participants en individualisant les soins", a ajouté le Dr Leanne Williams, co-auteur des travaux. 

Les auteurs suggèrent que la mesure du comportement et l'imagerie peuvent aider à diagnostiquer les biotypes de la dépression et conduire à un meilleur traitement. Désormais, ils étudient un autre médicament, la guanfacine, qui cible spécifiquement la région du cortex préfrontal dorsolatéral. Les chercheurs pensent que ce traitement pourrait être plus efficace pour les patients atteints du sous-type cognitif. Ils espèrent pouvoir mener des recherches avec des personnes présentant le biotype cognitif, en comparant différents types de médicaments à des traitements, tels que la stimulation magnétique transcrânienne et la thérapie cognitivo-comportementale.