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Risque de pénurie

Expérimentation du cannabis thérapeutique : déjà une rupture de stock

Par Diane Cacciarella

Il y a un risque, à court terme, de rupture de stock de certains médicaments à base de CBD et de THC utilisés dans l’expérimentation nationale sur le cannabis médical, prévient l’ANSM.

Ivan-balvan/iStock
L’ANSM a été informée d’un risque de rupture de stock, à très court terme, des médicaments de l'expérimentation à base de CBD seul (CBD 50 LGP Classic).
Un autre produit, aussi utilisé dans le cadre de l’expérimentation nationale sur le cannabis médical, pourrait bientôt être en rupture : l'huile contenant du THC et du CBD à un ratio 1:20.
Les professionnels de santé doivent donc changer les traitements des patients participants à l’expérimentation.

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a été informée d’un risque de rupture de stock, à très court terme, des médicaments de l'expérimentation à base de CBD seul (CBD 50 LGP Classic)”, peut-on lire dans un communiqué publié le 31 mars dernier par l’instance de santé. Il s’agit d’une huile de CBD pure, à un dosage de 50 milligrammes par millilitres (mg/ml) de CBD.

Remplacer le CBD par d’autres médicaments

Les professionnels de santé qui participent à l’expérimentation nationale sur le cannabis médical ont donc été avertis de ce risque. Des recommandations à mettre en place leur ont aussi été indiquées. Ainsi, pour garantir la poursuite du traitement aux patients déjà inclus dans l’expérimentation pour lesquels il n’existe aucune alternative, l'ANSM propose deux solutions aux médecins.

La première est de suspendre les inclusions avec du CBD seul. Néanmoins, les médecins peuvent poursuivre les essais qui concernent des médicaments qui ne contiennent que du THC. Pour certains cas, comme la gestion de la douleur, les soins palliatifs, de support en oncologie et la sclérose en plaques, l’ANSM leur propose d’utiliser d’autres traitements, plus précisément des ratios différents, comme le 1/20 THC/CBD (1/20 LGP Classic, c’est-à-dire de l'huile contenant du THC et du CBD à un ratio 1:20, donc 20 mg/ml de CBD et 1 mg/ml de THC) et le ratio équilibré (Naxiva Panaxir T25C25).

Si cela est possible et toujours à l'appréciation du médecin et hors épilepsie, de procéder à un "switch" des patients traités actuellement par du CBD 50 (CBD 50 LGP Classic), soit une forme avec un faible taux de THC (1/20 THC/CBD), soit vers une forme équilibrée (Naxiva Panaxir T25C25)”, précise l’ANSM. 

Pour les patients épileptiques actuellement traités par du CBD seul (CBD 50 LGP Classic), s’il y a une “rupture sèche”, il est recommandé de prescrire un autre médicament appelé Epidyolex

Un autre médicament concerné par cette rupture de stock

Ces recommandations pourront être adaptées en fonction de l’évolution de la situation”, conclut l’ANSM dans son communiqué. Mais le CBD 50 LGP Classic ne serait pas le seul concerné. Ce mercredi 19 avril, les médecins participant à l'expérimentation nationale sur le cannabis médical ont été avertis qu'un autre produit utilisé dans ce cadre était en rupture : l'huile contenant du THC et du CBD à un ratio 1:20. Celle-ci ne serait plus disponible à court terme. 

Pour les patients atteints de douleurs neuropathiques résistantes qui recevaient de l'huile CBD pure, le Pr Nicolas Authier, chef du service de pharmacologie et médecine de la douleur du CHU de Clermont-Ferrand et président du comité scientifique spécialisé temporaire “Évaluation de la pertinence et de la faisabilité de la mise à disposition du cannabis thérapeutique en France”, a déjà changé de produit. Ils prenaient justement de l'huile contenant du THC et du CBD à un ratio 1:20 au lieu de l’huile de CBD pure. “Et maintenant je vais être coincé, car je n'aurai plus qu'à leur proposer un ratio équilibré entre THC et CBD, explique-t-il dans le Quotidien du médecin. J'ai aussi des patients qui ne supportent pas le THC, et je n'ai plus rien à leur proposer.