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Contraception

Ces stérilets augmenteraient les risques de syndrome dépressif chez les femmes

Par Mégane Fleury

Certains stérilets, plus dosés en hormones, sont associés à une consommation plus importante de psychotropes, des médicaments utilisés pour soigner la dépression. 

flocu/istock
Le DIU à 52 mg de lévonorgestrel n'est pas uniquement prescrit comme contraceptif : il est aussi indiqué aux femmes souffrant de règles trop abondantes notamment en cas d'endométriose.
Ces dispositifs doivent être retirés au bout de cinq ans.

Quel est l’impact des hormones sur la santé mentale ? D’après une nouvelle étude, parue dans JAMA, elles pourraient augmenter le risque de symptômes dépressifs. Réalisée par Epi-phare, un groupement scientifique qui rassemble des experts en pharmaco-épidémiologie de l’ANSM et de la Caisse nationale d’Assurance maladie, cette recherche s’est intéressée à la consommation de psychotropes des femmes, en fonction de leur dispositif intra-utérin (DIU). Celles qui portent les DIU avec le plus fort dosage en hormones tendent à consommer davantage d’antidépresseurs. 

Stérilet et dépression : le dosage d’hormones en cause 

"Des études ont montré des associations entre l’utilisation des dispositifs intra-utérins (DIU) à 52 mg de lévonorgestrel (LNG) avec la dépression, les troubles du sommeil ou l’utilisation d’anxiolytiques, précisent les auteurs de l’étude en préambule. Un DIU contenant 19,5 mg de LNG est commercialisé en France depuis 2018 et son plus faible dosage pourrait conduire à moins d’effets indésirables sur la santé mentale." Le lévonorgestrel est un progestatif de synthèse, il bloque l’ovulation. Deux stérilets commercialisés en France en contiennent 52 mg : le Donasert et le Mirena.  

Pour comprendre le lien entre dépression et DIU, les scientifiques se sont appuyés sur une base de données nationales. "Nous avons identifié des femmes âgées de 13 à 40 ans, sans utilisation préalable d’un DIU hormonal et sans utilisation antérieure de psychotropes, qui ont reçu un DIU-LNG de 52 mg en 2019 et un groupe témoin qui a reçu un DIU-LNG de 19,5 mg." Au total, cela représentait plus de 90.000 femmes. 

Quels sont les effets du DIU hormonal sur la consommation de psychotropes ? 

"Les résultats ont montré une augmentation faible mais significative du risque d’utilisation d’antidépresseurs dans les 2 ans après la pose d’un DIU contenant 52 mg de LNG par rapport à un DIU moins dosé", observent les auteurs de l’étude. En revanche, ils n’ont pas constaté de "sur-risque" pour les anxiolytiques et les hypnotiques. "Cette étude est la première à confirmer le risque de syndrome dépressif en cas d’utilisation de Mirena et Donasert et à montrer que ce risque dépend du dosage en hormone", développe Isabelle Yoldjian, directrice médicale au sein de l’ANSM, dans un article de 20 minutes. En comparaison aux femmes ayant un DIU plus faiblement dosé en hormones, le sur-risque de troubles dépressifs est d’environ 13 %. "Les différences de pourcentages absolus d’utilisation d’antidépresseurs sont faibles et peu susceptibles d’être cliniquement pertinentes au niveau individuel, mais ce résultat est néanmoins important à prendre en compte à l’échelle populationnelle et nécessite des études complémentaires", conclut l’étude. 

Contraception et dépression : prendre en compte la balance bénéfice-risque 

Pour Isabelle Yoldjian, ces conclusions ne doivent pas conduire les femmes à retirer systématiquement leur stérilet. "Le risque de troubles dépressifs doit être mis en perspective avec les bénéfices, notamment pour les femmes souffrant d’endométriose et ayant des ménorragies", rappelle-t-elle. Elle espère notamment que ces résultats permettront de favoriser les échanges entre les patientes et leurs professionnels de santé concernant la contraception et ses éventuels effets secondaires.