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Rapport

Le changement climatique contribue à la prolifération des superbactéries

Par Geneviève Andrianaly

D’après l’ONU, le changement climatique et la résistance antimicrobienne, qui sont aggravés par les actions des êtres humains, sont deux des plus grandes menaces pour la santé mondiale.

Dr_Microbe/iStock
Les antimicrobiens sont utilisés dans les produits de nettoyage et les pesticides pour les plantes.
Parmi les principaux facteurs contribuant à l’apparition de la résistance, on retrouve l’absence d’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène.

Dans un récent rapport, les Nations unies mettent en garde sur le rôle de l’environnement dans la multiplication des superbactéries résistantes aux antimicrobiens. Dans le cadre de cette étude, l’ONU analyse trois secteurs économiques qui sont les principaux moteurs du développement et de la propagation de la résistance antimicrobienne dans l'environnement : "les produits pharmaceutiques et autres produits chimiques, l'agriculture et l'alimentation, et les soins de santé, ainsi que les polluants provenant de l'assainissement insuffisant, des eaux usées et des effluents des systèmes municipaux".

La hausse des températures augmente le taux de croissance bactérienne

D’après l’organisation, le changement climatique aggrave la résistance aux antimicrobiens de plusieurs façons. La recherche a montré que la hausse des températures faisait à la fois augmenter le taux de croissance bactérienne et le taux de propagation des gènes résistants aux antibiotiques entre les micro-organismes. "En freinant l'augmentation des températures et en réduisant le caractère extrême des événements, nous pouvons réduire la probabilité d'apparition de nouvelles résistances", a déclaré, au média CNN, David Graham, professeur à l'université de Newcastle et l'un des auteurs du rapport.

"Le changement climatique, la pollution, les modifications de nos schémas météorologiques, l'augmentation des précipitations, les villes et les zones urbaines plus serrées et plus denses - tout cela facilite la propagation de la résistance aux antibiotiques. Et je suis certain que cela ne fera qu'augmenter avec le temps, à moins que nous ne prenions des mesures relativement drastiques pour l'enrayer", a signalé Scott Roberts, spécialiste des maladies infectieuses à l'école de médecine de Yale, qui n'a pas participé à l’étude.

Résistance antimicrobienne : 10 millions de morts en plus par an

Selon l’ONU, le développement et la propagation de la résistance aux médicaments signifient que les antimicrobiens utilisés pour prévenir et traiter les infections "pourraient devenir inefficaces". D’après les données, environ 5 millions de décès ont été associés directement et indirectement à des infections résistantes aux traitements en 2019. "D'ici 2050, jusqu'à 10 millions de morts pourraient survenir chaque année si rien n'est fait", a alerté Inger Andersen Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement.

Pour lutter contre la résistance antimicrobienne, les Nations unies recommandent de limiter la surconsommation et le mésusage des antibiotiques. "Les antibiotiques et les antifongiques ne fonctionnent pas sur les virus, comme le rhume et la grippe. Ces médicaments sauvent des vies. Mais, chaque fois qu'ils sont utilisés, ils peuvent entraîner des effets secondaires et une résistance aux antimicrobiens", a écrit l’organisation. Elle souligne aussi que la santé des êtres humains, des animaux, des plantes et de l'environnement est étroitement liée. Ainsi, l’ONU demande aux gouvernements de définir des mesures visant à limiter l'utilisation des antibiotiques dans l'agriculture et à réduire la pollution.