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Chirurgie

Anesthésie : la structure de votre cerveau peut prédire vos risques de réveil durant l’opération

Par Sophie Raffin

Des chercheurs ont identifié les structures cérébrales qui pourraient prédire les prédispositions d’une personne à se réveiller accidentellement lors d’une anesthésie générale.

nd3000/istock
9 millions d'anesthésies générales sont réalisées chaque année en France.
Si tout acte médical comporte un risque, les complications après une anesthésie sont devenues rares. Le taux de mortalité varie de 0,4 pour 100.000, dans le cas de patients bien portants, à 55 pour 100.000 pour ceux porteurs de pathologies graves.

L’anesthésie générale plonge le patient dans un état comparable au sommeil pour supprimer tous les réflexes moteurs, et bien sûr la sensation de douleur. Toutefois, une personne sur quatre peut avoir des expériences subjectives pendant l’opération, comme des rêves. Un petit nombre d'individus reprennent même conscience accidentellement (0,05 à 0,2 % des cas).

Jusqu’à maintenant, les scientifiques ne connaissaient pas les raisons de ce phénomène rare. Une nouvelle étude, menée par des neuroscientifiques du Trinity College de Dublin, est parvenue à déterminer une cause possible. 

1 patient sur 3 se révèle plus résistant à l'anesthésique

Les chercheurs ont pu identifier des structures cérébrales qui pouvaient aider à prédire la prédisposition d'un individu à se réveiller sous anesthésie. 

Pour cette étude tenue en Irlande et au Canada, ils ont placé 17 personnes en bonne santé sous sédation avec du propofol, l'agent anesthésique le plus courant. Ils ont mesuré le temps que les volontaires mettaient pour détecter un son simple en état d’éveil puis sous sédation. Ils ont aussi évalué l'activité cérébrale de 25 participants écoutant une histoire simple dans les deux états.

La recherche a révélé que les temps de réponse d’un participant sur trois n'étaient pas affectés par une sédation modérée au propofol. L’équipe a également montré, pour la première fois, que les individus résistants à l'anesthésie présentaient des différences fondamentales dans la fonction et les structures des régions fronto-pariétales du cerveau par rapport à ceux qui restaient complètement inconscients.

"Nos résultats suggèrent que les individus avec un plus grand volume de matière grise dans les régions frontales et une connectivité fonctionnelle plus forte dans les réseaux cérébraux fronto-pariétaux, peuvent nécessiter des doses plus élevées de propofol pour devenir insensibles par rapport aux individus avec une connectivité plus faible et un volume de matière grise plus petit dans ces régions", précise Lorina Naci, professeure de psychologie qui a dirigé les travaux publiés dans la revue Human Brain Mapping.

Une découverte qui aidera à réduire les réveils et leurs conséquences

Les chercheurs assurent que ces différences cérébrales peuvent être déterminées bien en amont d'une opération. Vérifier ce point avant de réaliser une anesthésie pourrait aider à identifier les personnes qui ont besoin de doses de propofol supérieures à la moyenne.

"La détection de la réactivité d'une personne à l'anesthésie avant la sédation a des implications importantes pour la sécurité et le bien-être des patients. Nos résultats mettent en évidence de nouveaux marqueurs pour améliorer le suivi de la conscience pendant l'anesthésie clinique. Bien que rare, la conscience accidentelle durant une opération peut être très traumatisante et conduire à des résultats négatifs sur la santé à long terme, tels que le trouble de stress post-traumatique, ainsi que la dépression clinique ou les phobies", explique la Pr Lorina Naci.