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Coronavirus

Covid long : un test sanguin pour prédire les personnes à risque

Par Mégane Fleury

La présence de certaines protéines dans le sang au moment de l’infection indique le risque de développer une forme longue de la Covid-19.

Svitlana Hulko/istock
Parmi les symptômes du Covid long, la fatigue est le plus fréquent.
Les personnes concernées peuvent aussi souffrir d’un essoufflement persistant, de douleurs thoraciques, de maux de tête, de troubles digestifs, oculaires ou encore de problèmes cutanés.
Pour les symptômes persistants au-delà de trois mois, l’Organisation mondiale de la santé parle d’état post-Covid.

La plupart des personnes infectées par la Covid-19 voient leurs symptômes disparaître au bout d’une semaine. Pour certaines, les troubles persistent longtemps. Lorsque ces symptômes durent au-delà de quatre semaines, les médecins parlent de Covid long. Récemment, des chercheurs ont trouvé une technique pour identifier les personnes à risque. Dans eBioMedicine, ils expliquent y parvenir grâce à une simple prise de sang. 

Des protéines associées au Covid long repérées dans le sang 

Les scientifiques de l’University College London ont recruté 156 travailleurs de santé pour cette étude. Ils ont tous été testés pour la Covid-19, et 35 % étaient positifs. Pour chacun d’eux, les chercheurs ont réalisé une analyse du plasma sanguin, recueilli avant et jusqu’à six semaines après l’infection. Les données obtenues ont été comparées à celles de personnes n’ayant pas été infectées par la maladie. Pour analyser ces échantillons, ils ont utilisé la spectrométrie de masse ciblée, une technique d'analyse des changements des quantités de protéines dans le plasma sanguin. En temps normal, les niveaux de protéines dans le sang restent stables. 

Un algorithme pour prédire le risque de Covid long

Les scientifiques ont détecté des niveaux anormalement élevés pour douze protéines sur les 91 étudiées. Grâce à un algorithme, ils ont pu repérer les personnes ayant signalé au moins un symptôme persistant au bout d’un an, de celles n’en ayant pas eu. L'équipe de recherche a découvert qu'au moment de la première infection, des niveaux anormaux de 20 protéines permettaient de prédire le risque de symptômes persistants au bout d’un an. "La plupart de ces protéines étaient liées à des processus anticoagulants et anti-inflammatoires", précisent-ils. Plus les taux étaient anormaux, plus les symptômes étaient graves. "Notre étude montre que même la Covid-19 légère ou asymptomatique perturbe le profil des protéines dans notre plasma sanguin, résume Dr Gaby Captur, auteur principal de la recherche. Cela signifie que même la Covid-19 légère affecte les processus biologiques normaux de manière importante, jusqu'à six semaines après l’infection, voire plus".

Une technique de dépistage des formes longues du Covid-19 facilement généralisable 

Si ces premiers résultats sont encourageants, les scientifiques rappellent que d’autres études seront nécessaires pour les confirmer. Il faudra notamment un échantillon plus important de patients. À terme, si ce test sanguin montre à nouveau sa pertinence, ils estiment qu’il pourrait être proposé en parallèle d’un test PCR. "En utilisant notre approche, un test qui prédit les formes longues de Covid-19 au moment de l'infection initiale pourrait être déployé rapidement et de manière rentable, poursuit-il. La méthode d'analyse que nous avons utilisée est facilement disponible dans les hôpitaux et est à haut débit, ce qui signifie qu'elle peut analyser des milliers d'échantillons en un après-midi." Cela ouvre aussi la voie à des traitements antiviraux, prescrits suffisamment tôt pour réduire les risques de formes longues de la maladie.