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Alimentation

Pourquoi le Nutri-Score ne serait plus suffisant pour évaluer la qualité des aliments ?

Par Joséphine Argence

D’après une étude italienne, le degré de transformation des aliments devrait être mentionné sur les produits au même titre que la qualité nutritionnelle fournie par le Nutri-Score.

MangoStar_Studio/Istock
D’après l’étude italienne, un décès sur cinq est causé par une alimentation malsaine.
Différentes recherches ont affirmé qu’une forte consommation d’aliments ultra-transformés pourrait accroître les risques d’obésité, d’hypertension artérielle, de cholestérol ou encore de certains cancers.

Développé en France, le Nutri-Score est un outil qui indique la qualité nutritionnelle d’un aliment grâce une échelle de cinq couleurs (du vert foncé à l’orange foncé) associée à des lettres (A à E). Actuellement, la Commission européenne étudie une proposition d’étiquetage nutritionnel frontal pour les produits vendus en supermarché. L’objectif serait d’adopter un système d’étiquetage nutritionnel harmonisé et obligatoire dans l’ensemble des États membres. Le Nutri-Score est donné comme favori. 

L’utilisation de l’échelle NOVA pour évaluer le degré de transformation des aliments 

Mais une récente étude publiée dans le British Medical Journal a suggéré que le Nutri-Score ne serait pas suffisant pour évaluer les risques pour la santé de certains aliments. D’après les travaux, le degré de transformation des produits alimentaires devrait également être mentionné sur l’étiquetage. En cause ? Les aliments ultra-transformés présenteraient plus de risques pour la santé qu’une mauvaise composition alimentaire, selon les scientifiques italiens. 

Pour parvenir à ces conclusions, 22.895 participants âgés en moyenne de 55 ans ont été suivis pendant 12 ans. Au cours de l’étude, leur état de santé a été régulièrement contrôlé et a été associé à leurs habitudes alimentaires. Les chercheurs ont tenu compte de la composition nutritionnelle et du degré de transformation des aliments. 

Lors des recherches, les auteurs de l’étude ont également étudié deux systèmes de classification des aliments : le Nutri-Score et l’échelle NOVA qui détermine le degré de transformation des aliments. Les produits ultra-transformés renferment généralement des additifs tels que des édulcorants, des conservateurs ou encore des antioxydants. En grande surface, certains aliments qui semblent avoir une bonne qualité nutritionnelle sont en réalité ultra-transformés. C’est notamment le cas de certaines céréales, de yaourts ou encore de biscottes. 

Donner plus d’informations sur les produits ultra-transformés

Les résultats de l’étude ont confirmé que la consommation d’aliments pauvres en nutriments et/ou ultra-transformés favorise les risques de maladies cardiovasculaires, de cancers et de mortalité. "Mais lorsque nous avons étudié à la fois la composition nutritionnelle du régime alimentaire et son niveau de transformation, il est apparu que le degré de transformation est indispensable pour définir le risque de mortalité. En effet, plus de 80 % des aliments classés comme malsains par le Nutri-Score sont également ultra-transformés", a souligné Marialaura Bonaccio, épidémiologiste du département d'épidémiologie et de prévention de l'IRCCS Neuromed de Pozzilli (Italie) et auteure principale de l’étude. Avant d’ajouter : "Cela suggère que le risque accru de mortalité n'est pas directement dû à la mauvaise qualité nutritionnelle de certains produits, mais plutôt au fait que ces aliments sont majoritairement ultra-transformés."

Pour prévenir des risques de maladies cardiovasculaires, l’équipe italienne a donc suggéré l’instauration d’un système d’étiquetage nutritionnel intégrant des informations sur la qualité nutritionnelle et sur le degré de transformation d’un produit alimentaire. 

"Pour une stratégie de prévention vraiment efficace, nous devons nous concentrer sur les aliments que le Nutri-Score classe comme sains d'un point de vue nutritionnel, mais qui sont également ultra-transformés. C’est le cas, par exemple, de certaines boissons, ayant une teneur réduite en sucres et obtenant la lettre B dans le Nutri-Score, mais qui sont en fait hautement transformées. Ou encore certains yaourts et desserts froids, pauvres en graisses, mais contenant une liste corsée d'additifs alimentaires", a expliqué Giuseppe Grosso, professeur associé à l'Université de Catane et un des auteurs de l’étude.