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Enfant

Nouvel espoir dans la lutte contre le cancer : un virus génétiquement modifié

Par Mégane Fleury

Un virus génétiquement modifié augmente l'espérance de vie des enfants atteints de cancer du cerveau.  

AgFang/istock
MOTS-CLÉS :
Un virus capable de tuer les cellules cancéreuses est appelé virus oncolytique.
De précédents essais avaient été réalisés sur des souris de laboratoire.
Les principaux effets secondaires recensés sont les maux de tête, la nausée, les vomissements et la fatigue.

C’est un cancer rare, grave et avec un très mauvais pronostic : le gliome infiltrant du tronc cérébral (GITC) touche une cinquantaine d’enfants chaque année en France. La moitié d’entre eux décède dans l’année qui suit le diagnostic. "Malgré de rares exceptions, cette maladie est aujourd’hui considérée comme incurable", explique l’Institut Gustave Roussy. Une recherche publiée récemment apporte l’espoir que cela change. Parue dans la revue spécialisée The New England Journal of Medicine, et réalisée par des chercheurs de l’université de Navarre en Espagne, elle montre qu’un virus pourrait aider à stabiliser voire réduire les tumeurs, et améliorer l’espérance de vie des patients. 

La limite des traitements actuels 

"Le gliome infiltrant du tronc cérébral est une tumeur maligne qui infiltre le tronc cérébral et affecte donc les structures vitales du système nerveux central, provoquant des manifestations neurologiques sévères", explique le Dr Jaime Gállego, chercheur au sein du département de neurologie de la clinique universitaire de Navarre. Le seul traitement possible aujourd’hui est la radiothérapie, mais son efficacité est limitée. Selon l’institut Gustave Roussy, elle génère une "réponse temporaire permettant d’améliorer les symptômes et de ralentir la progression radiologique de la tumeur, voire même de la réduire en volume", cela induit une rémission de quelques mois, mais la ré-évolution est "pratiquement inéluctable".

Une seule étude, plusieurs découvertes 

Dans cette étude, les scientifiques espagnols ont recruté 12 personnes, âgées de 3 à 18 ans, avec un diagnostic récent de GITC. Toutes ont reçu des injections d’un virus de la famille des adénovirus, ceux notamment associés à la rhino-pharyngite. Pour chaque patient, la participation à l’essai a été organisée selon le même protocole. "Nous effectuons d'abord une biopsie de la tumeur, puis nous injectons le virus à l'intérieur de celle-ci", explique le Dr Sonia Tejada, spécialiste en neurochirurgie, et responsable de l'intervention chirurgicale. Quelques jours après l'opération, les patients ont été traités par radiothérapie. "Jusqu'à récemment, ces tumeurs situées dans le tronc cérébral n'étaient ni biopsiées ni analysées en raison du risque de séquelles neurologiques dérivées de la biopsie elle-même. Cet essai a non seulement permis d'obtenir des échantillons des tumeurs et de les caractériser moléculairement, mais il a également montré que l'injection intratumorale d'un virus oncolytique dans ces tumeurs du tronc cérébral est faisable et ouvre une nouvelle voie de traitement", précisent les Dr Jaime Gállego et Sonia Tejada dans un communiqué.

Une survie jusqu'à trois ans 

Les chercheurs ont observé la tumeur et son environnement, avant et après l’injection : ils ont constaté une "réponse immunitaire antitumorale déclenchée après l'administration du virus". Mais le traitement a surtout permis d’améliorer significativement la survie des participants. La survie médiane est passée de 12 à 17,8 mois, et deux patients étaient toujours vivants au moment de la publication des résultats, soit trois ans après le diagnostic. Chez une majeure partie des enfants, les scientifiques ont observé une réduction de la taille de la tumeur, pour les autres, elle s’est stabilisée. "Comme il s'agit d'un essai de phase I mené sur un très petit nombre de patients, nous ne pouvons pas tirer de conclusions solides sur l'efficacité du traitement, même s'il est vrai que la plupart des patients ont eu une survie plus longue que prévu, un résultat encourageant qui nous pousse à continuer d’explorer cette alternative thérapeutique", conclut le Dr Marta Alonso, directrice du Laboratoire de thérapies avancées pour les tumeurs solides pédiatriques du Cima et de la Clinique universitaire de Navarre.

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