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Santé

Ces acariens pourvus d'anus sur votre visage rendent service

Par Geneviève Andrianaly

Les acariens pourvus d'anus qui s’accouplent sur votre visage vous rendent un grand service, car ils permettent à la peau d'être en bonne santé. 

MishaBeliy/iStock
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Les acariens mesurent environ 0,3 mm de long et se trouvent dans les follicules pileux du visage et des mamelons, y compris dans les paupières et les cils.
Ils ont beaucoup plus de cellules à un jeune âge par rapport à leur stade adulte.

Ils sont invisibles à l’œil nu. Des acariens microscopiques, baptisés "Demodex", sont constamment présents sur notre peau. Ces petites bêtes, qui sont de plus en plus nombreuses chez les adultes lorsque les pores deviennent plus grands, nous ont été transmises à la naissance. "Les acariens folliculaires sont les seuls métazoaires qui vivent continuellement sur l’épiderme des êtres humains", ont indiqué des chercheurs de l’université de Bangor aux Pays de Galles. Ceux que l’on trouve sur le visage sont nommés "Demodex folliculorum".

Des acariens actifs la nuit

Dans une récente étude publiée dans la revue Molecular Biology and Evolution, les scientifiques ont analysé pour la première fois l’ADN de ces acariens pour en savoir davantage sur leur vie secrète, plus précisément sur leurs caractéristiques corporelles et leur avenir évolutif. Pour les besoins de leurs travaux, ils ont utilisé le séquençage du génome des "Demodex folliculorum".

Selon l’équipe, ces minuscules bêtes, colonisant les pores de la peau, s’accouplent sur notre visage pendant notre sommeil. Pour cela, ils se déplacent entres les follicules pileux. D’après les résultats, ces acariens se nourrissent du sébum naturellement libéré par les cellules des pores. En clair, ils aident nos pores à s’ouvrir et à se débarrasser des huiles qui contribuent aux imperfections et aux infections.

Les auteurs ont dévoilé que l’existence de ces acariens était isolée. "Nous avons constaté que ces acariens ont un comportement très différent de celui des parasites. Nous avons découvert que ces acariens ont une disposition des gènes des parties du corps différente de celle d'autres espèces similaires en raison de leur adaptation à une vie abritée à l'intérieur des pores. Ces modifications de leur ADN ont donné lieu à des caractéristiques corporelles et des comportements inhabituels", a déclaré Alejandra Perotti, professeure qui a co-dirigé les recherches, dans un communiqué.

En voie d’extinction à cause d’une perte génétique

Le séquençage du génome a révélé que l'association permanente des "Demodex folliculorum" avec leur hôte a entraîné une réduction génétique. En clair, cette diminution est provoquée en raison de leur existence isolée, d’une absence d’exposition aux menaces extérieures et de rencontres avec d'autres acariens ayant des gènes différents. Cette réduction génétique amènerait les acariens à devenir des organismes "simplifiés" et ils pourraient bientôt ne faire qu'un avec les êtres humains.

Cette perte génétique est également à l'origine de leur comportement nocturne. Les acariens n'ont pas de protection contre les UV et ont perdu le gène qui leur permet d'être réveillés par la lumière du jour. La disposition unique de leurs gènes est également responsable de leurs habitudes d'accouplement inhabituelles. Leurs organes reproducteurs se sont déplacés vers l'avant.

Les acariens ne sont pas à l’origine des maladies cutanées

Pendant longtemps, certains chercheurs avaient supposé que les acariens n'avaient pas d'anus et qu'ils devaient accumuler toutes leurs matières fécales tout au long de leur vie avant de les libérer à leur mort, provoquant des inflammations cutanées. Mais ces récents travaux ont confirmé que ces petites bêtes avaient bien un anus et qu'ils étaient donc été injustement accusés d'être responsables de nombreuses affections cutanées.

"Les acariens ont été accusés de beaucoup de choses. Leur longue association avec l'homme pourrait suggérer qu'ils pourraient également avoir des rôles bénéfiques simples mais importants, par exemple, en gardant les pores de notre visage débouchés", a conclu Henk Braig, co-auteur principal de l’étude.