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Cure de jouvence

Un composé du vin rouge aiderait à vieillir en bonne santé

Par Camille Sabourin

Un composé du vin rouge aide à vieillir en bonne santé. Voici lequel. 

OSTILL / iStock
Le vin et certains autres aliments contiennent un composé naturel qui active les récepteurs des œstrogènes
Ce composé peut éventuellement remplacer des traitements hormonaux contrant les effets de la ménopause

Et si les Français avaient tout compris ? Une étude soutient la théorie selon laquelle un petit verre de vin par jour pourrait vous aider à mieux vieillir. Effectivement, de petites doses de resvératrol, un composé naturel présent dans les arachides, les pistaches, la peau du raisin, le vin rouge, les framboises ou le cacao, pourraient activer les récepteurs d’œstrogène, selon des recherches publiées dans la revue Scientific Reports. Cette hormone stéroïde est produite naturellement par les hommes et les femmes. Si la plupart des gens ont entendu parler de son rôle dans la régulation de la reproduction, elle protège aussi contre certaines maladies liées au vieillissement, comme le diabète de type 2, la maladie d'Alzheimer ou l'ostéoporose.

Les récepteurs de l’œstrogène activent des protéines appelées sirtuines dans l’organisme. Ces dernières participent au contrôle de la biogenèse mitochondriale, de la réparation de l'ADN et de la régulation du métabolisme. Pour les biologistes, les sirtuines seraient d'excellentes et potentielles cibles de médicaments.

"De nombreuses études sur les animaux ont suggéré que ces protéines pourraient prolonger la durée de vie en bonne santé en prévenant ou en ralentissant l'apparition de maladies, d’après Henry Bayele, docteur en biologie moléculaire à l’University College London, au Royaume-Uni. Cependant, le développement de traitements médicamenteux ou diététiques efficaces a été entravé par un manque de consensus sur leur fonction exacte dans les cellules du corps", affirme-t-il.

Des “œstrogènes végétaux”

Pour en savoir plus, Bayele et ses collègues ont exposé des cellules hépatiques in vitro à divers composés alimentaires activant les sirtuines : le resvératrol et des isoflavones, comme la daidzine, présents dans le soja et d’autres légumineuses. Ces composés sont collectivement appelés d'activation des sirtuines alimentaires ou dSTAC.

Ils ont ensuite découvert qu'à faibles doses, le resvératrol augmentait la signalisation des sirtuines dans les cellules en imitant les œstrogènes. Cependant, à fortes doses, il diminuerait la signalisation des sirtuines. Mais l'isoliquiritigénine, présente dans la réglisse, serait encore plus efficace pour activer les sirtuines.

Par conséquent, les dSTAC peuvent être considérés comme des "œstrogènes végétaux", estime Henry Bayele. Ils sont capables d'accomplir des fonctions en principe réservées aux œstrogènes et pourraient donc être bénéfiques au cerveau, au foie, aux muscles squelettiques et aux os.

Le "paradoxe français"

Cette étude est un argument pour la théorie selon laquelle un verre de vin rouge par jour, pas plus, favorise un bon vieillissement. Selon Bayele, cela pourrait expliquer le "paradoxe français". Il a été démontré que certaines populations en France ont des taux plus faibles de maladies cardiovasculaires et de certains types de cancer malgré une alimentation riche en graisses.

"De faibles doses régulières de resvératrol, par exemple par une consommation modérée de vin rouge dans le cadre d'une alimentation saine, doivent pouvoir induire les avantages des œstrogènes. Cela s'appliquerait aux hommes et aux femmes de tous âges, mais les femmes ménopausées pourraient être celles qui en bénéficieraient le plus, car elles ont des réserves d'œstrogènes inférieures à celles des hommes du même âge", explique Henry Bayele. À terme, ces résultats pourraient permettre de développer des alternatives au traitement hormonal substitutif (THS) pour lutter contre les symptômes de la ménopause, le THS étant connu pour avoir de sévères effets secondaires : il augmenterait le risque d'accident vasculaire cérébral, de crise cardiaque et de certains cancers.

Mais avant cela, des études cliniques seront nécessaires : les effets des dSTAC sur les cellules in vitro peuvent ne pas refléter leurs effets chez l’homme, prévient Bayele. A titre d’illustration, si le corps peut digérer les composés dans l'intestin, ils pourraient être mal absorbés dans le sang. En résumé, d’autres recherches sont nécessaires pour confirmer si les gens peuvent utiliser les dSTAC comme substitut des œstrogènes pour un vieillissement en bonne santé.

L'éternel débat autour du verre de vin rouge quotidien

Cette étude n'est pas la première à examiner les avantages du resvératrol pour le corps. Un précédent travail réalisé sur des rats, dont les conclusions ont été publiées dans la revue Frontiers in Physiology, indiquait que ce composé serait en mesure de préserver la force musculaire des astronautes envoyés sur Mars. "Il a été démontré que le resvératrol préservait la masse osseuse et musculaire chez le rat lors d'un déchargement complet, similaire à la microgravité des vols spatiaux. Par conséquent, nous avons émis l'hypothèse qu'une dose quotidienne modérée contribuerait également à amoindrir le déconditionnement musculaire dans une gravité similaire à celle ressentie sur Mars", résumaient les chercheurs.

Selon d’autres travaux antérieurs menés par l'Université du Nouveau-Brunswick (Canada), le resvératrol pourrait être une "alternative efficace aux médicaments pour soigne les personnes souffrant de dépression et de troubles anxieux".

Les effets de la consommation d'un verre de vin rouge par jour sur la santé cardiovasculaire sont débattus depuis des années. Alors que des chercheurs français montraient en 2004 qu'une consommation très modeste l’améliorait, de même que la tension artérielle et le cholestérol, et diminuait par ailleurs le risque de certains cancers, une étude britannique publiée dans The Lancet a démenti ces résultats. Selon ces scientifiques, il n'y aurait aucun bénéfice à boire un verre de vin chaque jour, bien au contraire. En fait, selon eux, cette habitude augmenterait le risque d'AVC de 10 à 15 %.

Dans le doute, l’Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie recommande de “limiter sa consommation à deux verres par jour maximum et de ne pas consommer d’alcool tous les jours”.