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Personnalité antisociale

Psychopathie : une anomalie cérébrale peut expliquer pourquoi certaines personnes en souffrent

Par Geneviève Andrianaly

Les psychopathes ont un striatum, à savoir une région du cerveau, plus grand que les adultes n’étant pas atteints de ce trouble de la personnalité.

Natali_Mis/iStock
Les psychopathes ou les personnes présentant des traits psychopathiques sont définis comme des patients ayant une personnalité égocentrique et antisociale.
Le striatum coordonne de multiples aspects de la cognition, tels que la prise de décision, la motivation, la perception de la récompense, la planification de la motricité et de l'action.
Lors du développement d’un être humain, le striatum devient généralement plus petit à mesure que l'enfant grandit, ce qui suggère que la psychopathie pourrait être liée à des différences dans le développement du cerveau.

Récemment, des neuroscientifiques des universités de Nanyang à Singapour, de Pennsylvanie et d'État de Californie aux États-Unis ont révélé l'existence d'une différence biologique entre les personnes psychopathes et celles qui ne souffrent pas de ce trouble. Pour parvenir à cette découverte, les chercheurs ont réalisé une étude parue dans la revue Journal of Psychiatric Research. "De précédentes recherches ont rapporté une augmentation du volume du striatum chez les adultes atteints de psychopathie, mais n'ont pas déterminé de manière concluante l'impact de sa taille sur les comportements", ont-ils indiqué.

Dans le cadre de ces travaux, les scientifiques singapouriens et américains ont émis une hypothèse selon laquelle la taille du striatum, à savoir une partie intérieure du cerveau qui régule notamment les impulsions, est plus importante chez les personnes présentant des traits psychopathiques, et que cette association est causée par le besoin de stimulation et l'impulsivité.

Chez les psychopathes, le striatum est 10 % plus grand

Pour les besoins de leur étude, l’équipe a mesuré le volume du striatum de 108 hommes grâce à une imagerie par résonance magnétique (IRM). Les chercheurs ont également interrogé les participants à l'aide de la Psychopathy Checklist - Revised, à savoir un outil d'évaluation psychologique permettant de déterminer la présence de traits psychopathiques chez les patients. "Des analyses subsidiaires et exploratoires ont été menées sur un petit échantillon de femmes", peut-on lire dans les travaux.

D’après les résultats, le striatum était en moyenne 10 % plus grand chez les psychopathes que chez les participants présentant peu ou pas de traits psychopathiques. Les auteurs ont établi un lien entre un striatum plus important et un besoin accru de stimulation, par le biais de sensations fortes et d'excitation, et une probabilité plus élevée de comportements impulsifs. Selon les recherches, la psychopathie chez les femmes était également associée à une augmentation du volume du striatum.

Leur cerveau "ne se développe pas normalement pendant l'enfance et l'adolescence"

"Nous constatons qu'en plus des influences environnementales et sociales, il est important de considérer qu'il peut y avoir des différences biologiques, dans ce cas, la taille des structures cérébrales, entre les adultes antisociaux et non-antisociaux", a déclaré Olivia Choy, auteure de l’étude, dans un communiqué. "Les traits biologiques, tels que la taille du striatum, peuvent être transmis par les parents à leur enfant. Ces résultats apportent un soutien supplémentaire aux perspectives neurodéveloppementales de la psychopathie, à savoir que le cerveau des psychopathes ne se développe pas normalement pendant l'enfance et l'adolescence", a ajouté Adrian Raine, auteur des travaux.

Selon les neuroscientifiques, une meilleure compréhension du développement du striatum est nécessaire. "De nombreux facteurs sont probablement impliqués dans la raison pour laquelle un individu est plus susceptible de présenter des traits psychopathiques qu'un autre. La psychopathie peut être liée à une anomalie structurelle du cerveau qui peut être de nature développementale. En même temps, il est important de reconnaître que l'environnement peut également avoir des effets sur la structure du striatum", a expliqué Olivia Choy.