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Santé cardiovasculaire

Comment détecter l’athérosclérose grâce à un examen de l’œil ?

Par Mégane Fleury

Un algorithme permet d’analyser des fonds de l’œil, et de repérer des anomalies dans les vaisseaux sanguins, caractéristiques de l’athérosclérose. 

CCat82/ISTOCK
L’athérosclérose correspond à la formation de plaques sur la paroi des artères, composées de lipides.
C'est la principale cause de crises cardiaques et d'accidents vasculaires cérébraux.
Un fond d'œil permet d'observer les vaisseaux sanguins, et de détecter les signes précoces de la maladie.

Nos yeux nous permettent de voir, mais ils pourraient aussi devenir un indicateur de pathologie cardiovasculaire. Des chercheurs allemands ont mis au point une méthode pour détecter l’athérosclérose, une maladie des artères, grâce à des images des yeux. Dans leur étude, publiée dans la revue Scientific Reports, ils expliquent que ce sont les vaisseaux sanguins, très nombreux dans les yeux, qui permettent de repérer les signes de la maladie. 

Pourquoi utiliser l’œil pour dépister l’athérosclérose ? 

"Comme elle ne provoque généralement aucun symptôme pendant les premières années, le diagnostic n'est souvent posé que lorsque des effets secondaires sont déjà survenus", explique le Dr Nadjib Schahab, l'un des auteurs de l'étude. Or, la pathologie provoque des problèmes circulatoires dans les jambes et dans les bras, qui peuvent entraîner une amputation dans les cas les plus graves. "Le risque d'une crise cardiaque ou d'un accident vasculaire cérébral mortel est considérablement augmenté - même dans les premiers stades de la maladie", ajoute le scientifique. Avec son équipe, il travaille sur une méthode de dépistage précoce, pour empêcher la progression de la pathologie jusqu’à ces stades. Or les artères et les veines peuvent être facilement observées et photographiées à travers la pupille. 

Un algorithme entraîné à reconnaître la pathologie 

Pour tester leur hypothèse, les auteurs de l’étude ont photographié les yeux de 97 femmes et hommes qui souffraient d’athérosclérose. "Chez plus de la moitié d'entre eux, la maladie était encore à un stade où elle ne provoquait aucun symptôme", indique le co-auteur Dr Maximilian Wintergerst. En parallèle, des clichés ont été réalisés sur 34 personnes non-atteintes de la maladie. Dans un second temps, les images ont été scannées dans un logiciel, appelé réseau de neurones convolutifs : il s'inspire du cerveau humain dans son fonctionnement. Les scientifiques ont appris au logiciel à reconnaître les signes de la maladie, en l’entraînant d’abord avec une autre pathologie des vaisseaux oculaires. Cela a permis à l'algorithme de détecter si l’imagerie des yeux présentée provenait d’un patient atteint d’athérosclérose ou non. "80 % de tous les individus présentés ont été correctement identifiés, en prenant en compte 20 % de faux positifs, c'est-à-dire des individus en bonne santé que l'algorithme a incorrectement classés comme malades, indique Thomas Schultz, autre co-auteur. C'est incroyable, car même pour les ophtalmologistes formés, l’athérosclérose ne peut pas être détectée à partir d'images du fond d’œil." 

Une future technique de dépistage ?

Les auteurs de l’étude ne s’arrêtent pas à ces premiers résultats enthousiasmants : ils souhaitent améliorer encore leur méthode. Ils prévoient notamment de coopérer avec des centres d'ophtalmologie et de médecine vasculaire pour obtenir des images supplémentaires de fond d'œil de personnes touchées par l’athérosclérose. À long terme, leur objectif est de mettre au point un outil de diagnostic simple, rapide et fiable.