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A la veille du vote au Parlement européen

23 millions d'Européens ont essayé la cigarette électronique

Par Audrey Vaugrente

En 2012, 23 millions d’Européens auraient testé la cigarette électronique, selon l’Eurobaromètre. Le 8 octobre prochain, le Parlement Européen décidera si elle sera classée comme produit pharmaceutique.

SERGE POUZET/SIPA

La cigarette électronique aide de nombreuses personnes à arrêter de fumer. Une loi qui vise à réguler sa vente sera soumise au Parlement Européen le 8 octobre prochain. Les députés décideront si elle doit être classée comme produit pharmaceutique. Si le texte est voté, la vente de ces substituts à la cigarette sera contrôlée.

 

Des taxes plus élevées

La réglementation de l’e-cigarette varie selon les pays en Europe. Produit de consommation courante, elle n’est pas systématiquement autorisée dans les lieux publics ou ouverts aux mineurs. En France, les moins de 18 ans ne peuvent pas acheter de cigarette électronique. Selon l’Eurobaromètre 2012, trois millions de Français l’ont essayé et 500 000 l’ont adopté. Comme l’explique le professeur Bertrand Dautzenberg, professeur en pneumologie et président de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT), ce n’est pas seulement un outil de sevrage.

 

Ecoutez le professeur Bertrand Dautzenberg, professeur en pneumologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière : « On offre aux fumeurs un produit qui ne sert pas à s’arrêter mais à fumer autrement, avec moins de risques. Beaucoup ont envie d’essayer mais tous ceux qui l’essaient ne l’adoptent pas. » 

 

 

L’e-cigarette en France coûte trois fois moins cher à l’année que la cigarette traditionnelle. En 2011, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) propose déjà de la classer comme produit pharmaceutique. Si Bruxelles adopte cette réglementation le 8 octobre prochain, elle sera vendue en pharmacie uniquement. La cigarette électronique serait alors soumise à une autorisation de mise sur le marché et subirait des taxes plus élevées. Pour la Commission Européenne, le produit doit rester un outil de sevrage. Le classer comme médicament permettrait de limiter son usage aux fumeurs souhaitant réduire leur consommation.

 

L’e-cigarette, produit du tabac aux Etats-Unis ?

Aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) veut aussi changer la classification de la cigarette électronique. Elle deviendrait un produit du tabac. Le Centre de contrôle des maladies (CDC) note une utilisation massive de l'e-cigarette chez les jeunes américains. Ces adolescents n'avaient jamais fumé auparavant. La publicité est mise en cause. La nouvelle classification reconnaîtrait ce danger pour la santé. Les associations de défense, elles, dénoncent un lobbying de l’industrie du tabac. Les groupes de tabac pourraient, grâce à cette réglementation, récupérer un marché lucratif.

 

L’Union Européenne et les Etats-Unis commettent une lourde erreur aux yeux du professeur Dautzenberg. Il a soumis en mai dernier un rapport sur la cigarette électronique au ministère de la Santé. Il y propose d’encadrer sa vente en l’interdisant aux moins de 18 ans. Il suggère aussi de défendre sa consommation dans les lieux publics. Encadrer la mise en vente de l’e-cigarette la rendrait plus difficile à acheter qu’un paquet de cigarettes. De quoi décourager les fumeurs désireux de décrocher.

 

Ecoutez le professeur Bertrand Dautzenberg : « Il faut créer une catégorie spéciale pour la cigarette électronique pour que ce soit un produit d’accès facile pour les fumeurs et difficile d’accès pour les non-fumeurs, particulièrement pour les adolescents. »

 

 

Les boucliers sont levés des deux côtés de l’Atlantique. Des associations européennes appellent à manifester  devant le Parlement Européen, à Strasbourg, le 7 octobre prochain. Aux Etats-Unis, des associations de consommateurs ont déjà retardé l’adoption d’une loi depuis juillet dernier.