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Psychologie

Temps libre : à consommer avec modération !

Par Jean-Guillaume Bayard

À mesure que le temps libre augmente, le sentiment de bien-être augmente également. Mais seulement jusqu'à un certain point.

AntonioGuillem/iStock
Les bienfaits du temps libre se stabilisent après environ deux heures avant de décliner après 5 heures.
Les participants disposant de plus de temps libre ont signalé des niveaux de bien-être inférieurs lorsqu'ils se sont livrés à des activités improductives.

Trop de temps libre tue le temps libre ? C’est ce que suggère une récente étude publiée le 9 septembre dans le Journal of Personality and Social Psychology. Des chercheurs américains de la Wharton Scool au sein de l’université de Pennsylvanie assurent que le temps libre est bénéfique pour le bien-être mais seulement jusqu’à un certain point qui, une fois atteint, pourrait être presque aussi mauvais pour la santé que de n’avoir que trop peu de temps pour soi.

Le bien-être augmente jusqu’à deux heures de temps libre

Les gens se plaignent souvent d'être trop occupés et expriment leur désir d’avoir plus de temps mais est-ce que plus de temps est réellement lié à un plus grand bonheur ?”, s’est demandé Marissa Sharif, autrice principale de l’étude. Avec son équipe de chercheurs, elle rapporte que manquer de temps libre entraîne plus de stress et moins de bien-être. “Si trop peu de temps est mauvais, avoir plus de temps n'est pas toujours mieux”, ajoute-t-elle. Les auteurs de l’étude ont analysé les données de 21 736 Américains. Ces derniers ont fourni un compte rendu détaillé de ce qu'ils ont fait au cours des 24 heures précédentes, indiquant l'heure de la journée et la durée de chaque activité ainsi que leur sensation de bien-être.

L’examen des résultats a révélé que le bien-être augmente à mesure que le temps libre augmente. Après environ deux heures, ils ont remarqué que celui-ci se stabilise avant de décliner après 5 heures. “Les corrélations dans les deux sens étaient statistiquement significatives”, rapportent les chercheurs.

Un point de bascule

Ils ont ensuite comparé ces résultats aux données de 13 639 travailleurs qui ont participé à une étude nationale sur l'évolution de la main-d'œuvre entre 1992 et 2008. Parmi les nombreuses questions de l'enquête, les participants ont été interrogés sur leur temps libre et leur bien-être subjectif, qui a été mesuré comme la satisfaction de vivre.

À nouveau, les chercheurs ont relevé que des niveaux plus élevés de temps libre sont significativement associés à des niveaux plus élevés de bien-être, mais seulement jusqu'à un certain point.

Un temps libre moyen pour plus de bien-être

Pour aller plus loin, les auteurs de l’étude ont mené deux expériences en ligne impliquant plus de 6 000 participants. Dans la première expérience, il a été demandé aux participants d'imaginer disposer d'un certain temps discrétionnaire chaque jour pendant au moins six mois. Les volontaires ont ensuite été divisé en trois groupes en fonction de leur temps libre : faible (15 minutes par jour), modéré (3,5 heures par jour) ou élevé (7 heures par jour). Chacun a ensuite été invité à indiquer dans quelle mesure ils ressentiraient du plaisir, du bonheur et de la satisfaction.

Les participants des groupes de temps libre faible et élevé ont déclaré un bien-être inférieur à celui du groupe de temps discrétionnaire modéré. Les chercheurs ont découvert que ceux qui disposaient de peu de temps libre se sentaient plus stressés que ceux qui en disposaient d'une quantité modérée, ce qui contribuait à moins de bien-être.

Pour être heureux, il faut être productif

Dans la deuxième expérience, les chercheurs ont examiné le rôle potentiel de la productivité. On a demandé aux participants d'imaginer avoir un temps libre modéré (3,5 heures) ou élevé (7 heures) par jour, mais on leur a également demandé d'imaginer passer ce temps de manière productive - comme s'entraîner, passer des loisirs ou courir - ou improductive avec des activités comme regarder la télévision ou utiliser l'ordinateur.

Les chercheurs ont découvert que les participants disposant de plus de temps libre ont signalé des niveaux de bien-être inférieurs lorsqu'ils se sont livrés à des activités improductives. Cependant, lorsqu'ils se sont engagés dans des activités productives, ceux qui disposaient de plus de temps libre se sentaient aussi bien que ceux qui disposaient d'une quantité modérée de temps libre. 

Avoir un objectif c’est mieux

Nos résultats suggèrent que se retrouver avec des journées entières libres à remplir à sa discrétion peut laisser une personne également malheureuse, a conclu Marissa Sharif. Les gens devraient plutôt s'efforcer d'avoir une quantité modérée de temps libre. Dans les cas où les gens se retrouvent avec des quantités excessives du temps discrétionnaire, comme la retraite ou le fait d'avoir quitté un emploi, nos résultats suggèrent que ces personnes gagneraient à consacrer leur nouveau temps à un objectif.”