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Innovation

Une idée folle : utiliser la peau comme conducteur pour recharger les montres connectées

Par Charlotte Arce

Comment recharger sa montre connectée sans jamais la retirer ? Une équipe de recherche américaine a trouvé une solution aussi ingénieuse qu’expérimentale : utiliser la peau humaine comme conducteur.

Wavebreakmedia/iStock
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Les chercheurs ont mis au point un prototype capable de recharger une montre connectée grâce à une électrode, via la peau humaine, qui sert de conducteur à l'électricité.
Le procédé, totalement indolore, pourrait permettre de recharger en continu une montre connectée ou un tracker de fitness à très faible puissance.

Depuis leur apparition sur le marché il y a une petite dizaine d’années, les montres connectées, ou "smartwatch", ont révolutionné l’univers du high-tech. Non seulement capables d’exécuter des applications mobiles, elles sont aussi devenues les fidèles compagnons des personnes soucieuses de leur santé en mesurant tout leur activité physique : fréquence cardiaque et respiratoire, podomètre, calories et même qualité du sommeil.

Mais il y a un problème que les fabricants de smartwatch n’ont jusqu’ici par réussi à résoudre : celui de la charge. Pour pouvoir être rechargés, ces appareils portables et sans fil sont souvent déconnectés de notre corps pendant la nuit. Ce qui les empêche de relever la qualité du sommeil et ses caractéristiques, qui "contiennent beaucoup d'informations importantes sur l'état de santé des patients", souligne Sunghoon Ivan Lee, professeur adjoint au College of Information and Computer Sciences de l'université du Massachusetts Amherst et directeur du Advanced Human Health Analytics Laboratory.

Mais ce chercheur a peut-être trouvé à une solution à ce problème. Associé à Jeremy Gummeson, ingénieur en informatique portable à l'UMass Amherst, il a cherché un moyen de recharger en permanence ces dispositifs sur le corps afin qu'ils puissent surveiller la santé de l'utilisateur 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Utiliser la peau comme conducteur d’électricité

La solution qu’ils ont trouvée n’est autre que celle d’utiliser la peau humaine comme matériau conducteur. "Nous pourrons alors inciter les gens à faire des choses comme le suivi du sommeil, car ils n'auront jamais à enlever leur montre pour la recharger", explique le Pr Lee.

Dans un article publié dans les Proceedings of the ACM on Interactive Mobile, Wearable and Ubiquitous Technologies, les chercheurs expliquent comment la technologie utilise le tissu humain comme moyen de transfert de l'énergie. "Dans ce dispositif, nous avons une électrode qui se couple au corps humain, que l'on peut considérer comme le fil rouge, si l'on pense à une batterie traditionnelle avec une paire de fils rouge et noir", détaille le scientifique.

Le fil noir classique est lui établi entre deux plaques métalliques intégrées à la montre connectée, et à un autre objet du quotidien instrumenté (ordinateur portable, voiture…), par lequel passe l’énergie.

Ce prototype a été testé auprès de 10 personnes dans trois scénarios au cours desquels le bras ou la main des individus est entré en contact avec l'émetteur d'énergie - soit en travaillant sur un clavier de bureau ou un ordinateur portable, soit en tenant le volant d'une voiture.

En envoyant 0,5 à 1 milliwatt (mW) de courant continu dans le dispositif porté au poignet et en utilisant la peau comme moyen de transfert, les chercheurs ont été capables de recharger la montre, sans que cette petite quantité d’électricité ne soit dangereuse pour la santé.

"Vous pouvez considérer que la quantité d'énergie transmise par notre technologie est à peu près comparable à celle qui est transmise par le corps humain lorsque vous vous tenez sur une balance de composition corporelle, ce qui pose des risques minimes pour la santé", affirme le Pr Gummeson.

Une charge absolument indolore

D’après les chercheurs, le contact avec l’émetteur d’énergie est absolument indolore car "cela se situe bien au-delà de la gamme de fréquences que l'homme peut percevoir".

Pour l'instant, le prototype ne produit pas assez d'énergie pour faire fonctionner en continu un appareil sophistiqué tel qu'une Apple Watch, mais il pourrait prendre en charge les trackers de fitness à très faible puissance tels que Fitbit Flex et Xiaomi Mi-Bands.

L’équipe travaille désormais à l’amélioration du taux de transfert d’énergie dans les montres connectées. "Nous imaginons qu'à l'avenir, en optimisant davantage l'énergie consommée par les capteurs des vêtements, nous pourrons réduire et, à terme, éliminer le temps de charge", conclut le Pr Gummeson.