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Interview du week-end

Jean-Luc Bosson : “Le vélo électrique permet d'amener les gens à pratiquer au quotidien”

À l’occasion de la journée mondiale du vélo qui s’est déroulée jeudi 3 juin dernier, Jean-Luc Bosson, médecin de santé publique au CHU de Grenoble et chercheur à l’université de Grenoble, explique pourquoi le vélo à assistance électrique (VAE) est un moyen efficace pour remettre les moins sportifs en selle.

Jean-Luc Bosson : “Le vélo électrique permet d'amener les gens à pratiquer au quotidien” Halfpoint/iStock




Pourquoi Docteur - Quels sont les bienfaits de la pratique du vélo ?

Jean-Luc Bosson - L’activité physique en général améliore tous les paramètres de santé, physiologique, cardiorespiratoire, musculaire, et la prise en charge des maladies, la lutte contre la sédentarité, l’obésité, les cancers…

Concernant le vélo, cette activité ne met pas complètement en pression ses adeptes, notamment en sollicitant moins les articulations que d'autres pratiques, et donc c’est super pour les gens en surpoids notamment. Le rapport bénéfice/risque est infiniment favorable. Il s’agit surtout de lutter contre la sédentarité, source de tous les maux. Le but c’est de transformer son mode de vie au quotidien, dans les loisirs, le travail. Le vélo a une place très intéressante parce qu’il peut, et c'est particulièrement vrai pour le vélo électrique, remplacer la voiture. 

Par ailleurs, des recherches récentes ont révélé que quel que soit le niveau d’activité physique, si on en fait un peu plus, on gagne en survie. C’est le critère ultime en santé. Au quotidien, le bénéfice ressenti est évidemment de se reconditionner. Le vélo est extraordinairement progressif et permet ce reconditionnement. On peut commencer avec des sorties faciles et en en faisant régulièrement on va gagner au niveau cardiaque et respiratoire. Il faut y prendre plaisir pour que cette activité soit pratiquée au quotidien. C’est sa progressivité qui attire les gens.

La pratique du vélo à assistance électrique (VAE) offre-t-elle les mêmes bienfaits que le vélo traditionnel ? 

Ce n’est même pas un débat. Il a une assistance donc l’effort est moindre mais le but du jeu n’est pas de faire des efforts démesurés, c'est de ramener des gens à pratiquer au quotidien, dans le cadre de la lutte contre la sédentarité. Le VAE se situe quelque part entre le vélo sans assistance et la marche rapide. C’est évidemment une activité physique. 

Il y a une étude récente en Allemagne qui a démontré toute l’efficacité des VAE. Les chercheurs ont prêté des vélos pendant 15 jours à des salariés pour se rendre à leur travail. Dans un autre temps, ils ont fait la même expérience mais avec des VAE. Cette étude comparative a montré que pour 1 kilomètre, il y a 30 à 40% de puissance en moins déployée avec les vélos électriques. Mais, dans la vie quotidienne, les gens se servent 4 fois plus du vélo avec assistance. Au final, cela leur a permis de rentrer dans les recommandations de pratique physique quotidienne de l’OMS.

Comment amenez-vous vos patients à se mettre au vélo électrique ?

Avec notre équipe, nous travaillons à la réhabilitation de patients très déconditionnés. Nous avons mis en place un module d’éducation à la santé basé sur l’activité physique. Le VAE permet une progressivité encore plus importante que le vélo traditionnel et pour nous c’est essentiel car nous travaillons avec des patients atteints de fibromyalgie qui est une maladie chronique qui éloigne les personnes de la pratique physique. Nous parvenons à emmener des groupes de gens faire des sorties vélo, ce qui permet en plus de les sortir de l’isolement. Le but est le plaisir. Il n’y a pas d’échec. Tout le monde arrive au bout du programme. Grâce au VAE, il est possible d'augmenter l’assistance et donc de s’adapter aux aptitudes de chacun. Cela permet d’éviter les abandons. La compétition est complètement abolie. Ce sont les réglages du vélo qui font l’essentiel de la puissance. Cela amène des groupes de parole, gonfle l’estime de soi et petit à petit, sur plusieurs semaines, on les amène à s’autonomiser. C’est une phase de transition pour des gens qui sont en très mauvais état physique.

Nous sommes en train de faire une étude sur des patientes atteintes de cancer du sein qui ont été très fatiguées par la maladie et les années de traitement. Pour elles aussi, le vélo électrique est un passage utile pour se remettre en selle. La moitié d’entre elles ont fini par en acheter un après l’expérience ! Elles ont même créé une association pour aider les autres patientes. Cela montre l’adhésion à cette pratique. C’est l’exemple type de ce qui a été rendu possible par le vélo électrique. Le but est d’associer les plaisirs, en enlevant la compétition.

Le déploiement des vélos électriques en ville est-il une bonne chose ?

Si cela amène des gens à laisser tomber le vélo pour le VAE, ce n’est pas l’idée. Mais ce n’est pas ce que l’on constate. En ville, le but est d’aller au plus vite donc c’est une offre indispensable pour amener des gens qui n’auraient jamais pris le vélo à le prendre. C’est une excellente chose. C’est pour cela que tout le monde s’y met. L’intérêt du VAE c’est aussi que lorsqu’on arrive au travail, on ne transpire pas. Si on est en vélo traditionnel, on arrive dans un état qui peut être discutable. Rien n’est fait dans les entreprises pour encourager les gens à venir en vélo. Il n’y a généralement pas de douches mises à disposition. Le vélo électrique permet d’arriver propre.

Il y a également des études neuroscientifiques qui montrent que le cerveau aussi adore le vélo. Cette pratique améliore la mémoire et permet de lutter contre le stress. Cela crée un sas qui aère le cerveau et qui permet de couper après une journée de travail.

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