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Santé publique

Un enfant sur 3 en surpoids ou obèse : le rapport de l’OMS qui inquiète

Par Charlotte Arce

Dans un nouveau rapport prenant en compte les données de 36 pays, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’alarme du surpoids et de l’obésité croissante des enfants. Et pointe le risque que l’épidémie de Covid-19 accentue encore ce phénomène.

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Dans les 36 pays étudiés par l'OMS, 29 % des garçons et 27 % des filles sont en surpoids, 13 % des garçons et 9 % des filles sont obèses.
Certains pays sont plus touchés que d'autres. C'est le cas de Chypre, la Grèce, l'Italie et l'Espagne. Certains de ces pays ont toutefois mis en place - avec succès - des mesures pour lutter contre l'obésité infantile.
Les auteurs du rapport craignent une augmentation de l'obésité et du surpoids chez les enfants, due à la pandémie de Covid-19.

Dans certains pays d’Europe, un enfant sur trois âgé de 6 à 9 ans vit avec un surpoids ou une obésité.

C’est l’une des conclusions d'un nouveau rapport de l'Initiative européenne de surveillance de l'obésité infantile (COSI) de l'OMS, et présenté lors du Congrès européen sur l'obésité (qui se tient en ligne cette année). L’OMS a collecté les données concernant environ 250 000 enfants âgés de 6 à 9 ans, résidant dans 36 pays. Les résultats sont alarmants : 29 % des garçons et 27 % des filles sont en surpoids, 13 % des garçons et 9 % des filles sont obèses.

Des chiffres préoccupants mais à la baisse dans les pays les plus touchés

Il existe de grandes variations entre les pays, selon le rapport. Ainsi, les proportions les plus élevées de surpoids et d'obésité chez les enfants ont été observées dans les pays méditerranéens tels que Chypre, la Grèce, l'Italie et l'Espagne, où plus de 40 % des garçons et des filles sont en surpoids, et 19 % à 24 % des garçons et 14 % à 19 % des filles sont obèses.

À l’inverse, les plus faibles proportions de surpoids et d'obésité infantiles ont été observées dans les pays d'Asie centrale comme le Kirghizistan, le Tadjikistan et le Turkménistan, où 5 % à 12 % des garçons et des filles étaient en surpoids et moins de 5 % souffraient d'obésité.

Toutefois, notent les auteurs du rapport, le surpoids et l'obésité se sont stabilisés ou ont diminué dans certains des 13 pays européens, notamment la Grèce, l'Italie, le Portugal, l'Espagne et la Slovénie, qui ont mis en œuvre des mesures recommandées par l'OMS pour aider à lutter contre les taux d'obésité : imposition de taxes sur les boissons sucrées, restrictions en matière de marketing alimentaire ou encore cours d'éducation physique.

"Les données du COSI montrent une tendance à la baisse de l'obésité infantile dans les pays qui ont les taux d'obésité les plus élevés. Ils ont entendu l'alarme des études précédentes et ont mis en œuvre les politiques dont nous savons qu'elles fonctionnent. Il est réconfortant de voir que lorsque les pays agissent, cela a un effet mesurable", explique le Dr Nino Berdzuli, directeur de la Division des programmes de santé nationaux au Bureau régional de l'OMS pour l'Europe.

Un effet de la pandémie de Covid-19 sur l'obésité infantile

Les données du rapport restent cependant préoccupantes. Elles montrent que de nombreux enfants consomment des snacks sucrés (27 % des enfants dans l'ensemble) et salés (14 %) au détriment des fruits et des légumes. En revanche, un enfant sur deux en moyenne utilise un moyen de transport actif (marche ou vélo) pour se rendre à l'école et en revenir. Dans tous les pays, la plupart des enfants passent au moins une heure par jour à jouer à l'extérieur (de 62 % à 98 % selon les pays).

Les auteurs du rapport craignent surtout un effet délétère de la pandémie de Covid-19 sur les efforts jusqu’ici entrepris par les politiques publiques contre le surpoids et l’obésité infantiles. "La Covid-19 pourrait potentiellement amplifier l'une des tendances les plus inquiétantes dans la région européenne de l'OMS, à savoir l'obésité croissante des enfants", estime le Dr Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l'OMS pour l'Europe.

Selon les auteurs, "la pandémie Covid-19 aura probablement un impact négatif sur les niveaux d'obésité infantile dans la région européenne de l'OMS, et donc sur les résultats des prochains cycles de l'enquête COSI". "La fermeture et le verrouillage des écoles peuvent avoir un impact sur l'accès des enfants aux repas scolaires et aux heures d'activité physique, ce qui creuse les inégalités. Les stratégies de prévention de l'obésité infantile doivent donc rester une priorité pendant la pandémie", insistent les auteurs du rapport.

"Le surpoids et l'obésité sont directement associés à des maladies non transmissibles potentiellement mortelles comme les maladies cardiovasculaires, le diabète et le cancer. Ce que nous devons faire pour éclairer l'avenir des générations futures, c'est mettre en œuvre des politiques fondées sur la science et les données qui peuvent contribuer à réduire l'obésité infantile, tout en favorisant une alimentation plus saine et l'activité physique", ajoute le Dr Kluge.