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Coronavirus

Orteils Covid : possible signe d’une immunité naturelle

Par Jean-Guillaume Bayard

Les lésions violacées sur les orteils et les pieds de patients, longtemps considérées comme étant un symptôme d’infection à la Covid-19, serait en fait le signe d’une réaction immunitaire naturelle contre le virus.

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Une forte réponse interféron de type I, dont les pseudo-engelures sont l’expression clinique, pourrait favoriser une clairance rapide du virus, évitant à la fois la maladie et la séroconversion.
Cet interféron est un groupe de protéines antivirales dont la très forte activation offrirait une barrière naturelle contre le SARS-CoV-2.
Les chercheurs estiment que le nombre de personnes qui bénéficient de cette protection naturelle est probablement peu élevé.

Retournement de situation. Dès le début de la pandémie, des rougeurs cutanées ont été observées chez certains patients Covid-19. Des études ont depuis été menées et conclues qu’elles sont un signe d’infection au virus. Mais ces engelures pourraient en fait être le signe d’une résistance innée au SARS-CoV-2. C’est en tout cas l’hypothèse de deux chercheurs suisses du service de dermatologie au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) qui ont enquêté sur le sujet et présenté leurs résultats dans l’édition de la semaine dernière de la Revue médicale suisse (RMS).

Les orteils covid, le signe clinique de l’activation de protéines antivirales  

D’abord présentés comme un symptôme potentiel d’une infection à la Covid-19, les orteils Covid sont d’autant plus intrigants que la majorité des cas ne présentent pas de symptômes de Covid-19 ni de PCR ou de sérologie positive, malgré une exposition probable au SARS-CoV-2. Une étude en date du 29 avril dernier et publié dans le British Journal of Dermatology a d’ailleurs constaté que l’inflammation cutanée au niveau des pieds et des orteils a représenté l’unique symptôme clinique de l’exposition au virus chez 21% des 337 000 patients observés.

Ces réactions cutanées seraient en fait le signe d’une immunité naturelle contre le virus chez les patients concernés. “Les données actuelles suggèrent que ces personnes sont prédisposées à induire une immunité innée robuste contre le SARS-CoV-2, ce qui les rend résistantes à l’infection, ont conclu les chercheurs. Une forte réponse interféron de type I, dont les pseudo-engelures sont l’expression clinique, pourrait favoriser une clairance rapide du virus, évitant à la fois la maladie et la séroconversion.” Cet interféron est un groupe de protéines antivirales dont la très forte activation offrirait une barrière naturelle contre le SARS-CoV-2.

Une très faible part de la population concernée

Les chercheurs estiment que le nombre de personnes qui bénéficient de cette protection naturelle est probablement peu élevé. “Il est difficile de donner un chiffre précis puisque de nombreux patients avec pseudo-engelures ne consultent pas. Mais on peut estimer que cela devrait se situer entre 0,05% et 0,5%”, avance le Dr Ahmad Yatim du service de dermatologie du CHUV et auteur de l’étude.

D’autres recherches sont nécessaires pour mieux comprendre ce mécanisme protecteur. “Les mécanismes génétiques et moléculaires qui sous-tendent cette résistance naturelle au SARS-CoV-2 restent à élucider”, concèdent les auteurs de l’article scientifique. Cette découverte ouvre l’espoir de “développer des stratégies thérapeutiques dans le but d'induire une immunité antivirale efficace chez les patients qui n'en bénéficient pas naturellement”, concluent les scientifiques.