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Enquête du ministère du Travail

2 millions de salariés exposés à des produits cancérogènes

Par Julian Prial

Selon l'enquête Sumer, 10 % des salariés français sont exposés à au moins un produit chimique cancérogène dans leur travail (diesel, amiante). 

FAYOLLE PASCAL/SIPA

Quand travail rime avec exposition à des produits cancérogènes ! En effet, selon une étude menée par le ministère du Travail, 10 % des salariés français étaient, en 2010, exposés à au moins un produit chimique cancérogène au cours de leur semaine de travail. Des risques plus ou moins importants en fonction des professions exercées.

Dans la construction et les activités de maintenance 
Parmi les 22 grands domaines professionnels, 5 exposent particulièrement leurs salariés à ces risques : la maintenance (43 %), le bâtiment et travaux publics (BTP) (32 %), la mécanique-travail des métaux (31 %), le domaine des « matériaux souples, bois, industries graphiques » (30 %) et l’artisanat (29 %). Les ouvriers sont majoritaires parmi les salariés de ces 5 domaines professionnels.

Logique donc que ces derniers soient les plus exposés à des produits cancérogènes, puisqu’ils représentent plus des deux tiers des salariés exposés à au moins un cancérogène chimique, alors qu’ils ne constituent que 29 % de l’ensemble des salarié.
Par ailleurs, cette pollution au travail touche aussi 13,5 % des agriculteurs. Il faut toutefois souligner que les fongicides et les pesticides n'entraient pas dans la classification des produits cancérogènes dans cette étude. Surprenant lorsqu'on sait que les viticulteurs sont les premières victimes des pesticides, « des substances associées au développement de cancers et de maladies neurodégénératives », selon l'Inserm.

Les produits incriminés
Les cancérogènes les plus souvent cités sont les gaz d’échappement diesel, les huiles minérales entières, les poussières de bois et la silice cristalline.
Par ailleurs, 38 % des situations d’exposition sont de durée et/ou d’intensité importantes. Et une protection collective localisée existe dans seulements 21 % des cas et une ventilation générale des locaux dans uniquement 19 %.  


Les risques liés à l'amiante en diminution 
Cette exposition ne concerne quasiment que des hommes. Certains sont des professionnels du retrait de l’amiante (déflocage, décalorifugeage...). D’autres, les plus nombreux, ont une exposition ponctuelle lors de rénovations de bâtiments (électriciens, plombiers, couvreurs...).
Seule note optimiste, une nette baisse de exposition à l’amiante a été constatée par les enquêteurs du ministère. En effet, en 2003, le nombre de salariés exposés à l’amiante au cours de la semaine précédant l’enquête était de 107 000, en 2010 et sur le même champ, cette exposition ne concernait plus 71 000 personnes, soit une diminution d’un tiers.
« Cette évolution est liée à la fois à une prise de conscience collective de la gravité de cette exposition et aux évolutions réglementaires et techniques successives, ce qui montre l’intérêt d’efforts de prévention équivalents pour chacun des produits cancérogènes », concluent les enquêteurs.